l’amener à bord du vaisseau-amiral, où l’on avait des instructions pour disposer de sa personne. » Et, le 10 juillet, au moment même où il causait avec Rovigo et Las Cases, Mailland avait reçu et lu, en se gardant de leur en rien révéler, ce troisième ordre de Hotham : « Il vous est enjoint de faire les plus strictes recherches sur tout bâtiment que vous rencontrerez. Si vous êtes assez heureux pour prendre Bonaparte, vous devez le transférer sur le vaisseau que vous commandez, l’y tenir sous bonne garde et revenir avec toute la diligence possible au port d’Angleterre le plus voisin. » Si enfin Maitland écrivait au Grand-Maréchal qu’il allait demander des ordres à l’amiral Hotham, c’était, il l’a avoué lui-même dans sa Relation, « parce que, jugeant les forces qu’il avait à sa disposition insuffisantes pour garder tous les passages, il voulait engager Napoléon à attendre la réponse de l’amiral, ce qui donnerait le temps à des renforts de rallier le Bellérophon. »
Est-il donc besoin d’ajouter que ces mots d’une des lettres de Hotham : « C’est à vous d’employer tous les moyens d’intercepter le fugitif de la captivité duquel parait dépendre le repos de l’Europe, » étaient faits pour éclairer et pour inspirer le capitaine Maitland, et qu’ainsi, quand il insinua l’idée d’un asile en Angleterre, dans sa bouche de mensonge et de perfidie, asile voulait dire captivité.
Le bruit que l’Empereur en allait être réduit à se livrer aux Anglais avait provoqué, dans les équipages comme dans les états-majors des frégates, l’indignation et la douleur. On commençait enfin à reconnaître que la croisière ennemie ne comprenait qu’un seul vaisseau avec deux ou trois petits bâtimens tout au plus. Le capitaine Ponée, commandant la Méduse, alla trouver Montholon, qui était embarqué à son bord, et le conjura de transmettre à l’Empereur une nouvelle proposition : « J’ai consulté, dit-il, mes officiers et mon équipage. Je parle donc en leur nom comme au mien… Voici ce qu’il faut faire. Cette nuit, la Méduse, marchant en avant de la Saale, surprendra, grâce à l’obscurité, le Bellérophon, qui est venu mouiller dans la rade des Basques. J’engagerai le combat bord à bord, j’élongerai ses flancs, je l’empêcherai de bouger… Je pourrai toujours bien