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l’extrême sud-ouest du Japon ; et les voies ferrées n’ont qu’un matériel restreint et un faible rendement, bien que les soldats japonais se prêtent plus à l’entassement que les nôtres. D’Aomori, au nord de l’île principale, à Shminosaki, à son extrémité sud-ouest, il n’y a pas moins de 1 800 kilomètres de chemin de fer ; or, en 1894, lors de la guerre de Chine, la division de Sendaï mit 9 jours pour être transportée à 1 248 kilomètres de là, à Hiroshima, assez sensiblement en deçà de Shimonosaki, où elle s’embarqua. De toute façon, il semblé bien que les Japonais doivent garder chez eux un bon quart de leur armée active pendant deux ou trois mois au moins, et n’envoyer sur le continent, selon l’opinion de ceux qui connaissent le mieux leur armée, que 250 000 hommes.

Il est fort possible, toutefois, qu’au bout de quelques mois, les formations de deuxième ligne étant plus aguerries, ils expédient aussi en Corée le reste de l’armée active et une partie de ces armées de deuxième ligne elles-mêmes, dépôt, territoriale. Étant donnée la rapidité avec laquelle se débrouille un conscrit japonais, on peut fort bien admettre qu’au cours d’une guerre qui se prolongerait jusqu’à la fin de l’année, ils puissent jeter en tout sur le continent quatre cent mille hommes, sinon plus, surtout si leur prépondérance sur mer se confirme et assure la sécurité de leur propre territoire ; il serait toujours prudent, toutefois, de maintenir quelques troupes solides à Yezo. Ce qui gênera le plus les Japonais pour tirer un bon parti de leurs forces de seconde ligne, ce sera sans doute le manque d’officiers et aussi le manque de chevaux pour atteler l’artillerie et les voitures du train ; n’étaient ces points faibles, ils pourraient peut-être, vu leurs excellentes ressources en hommes, augmenter presque indéfiniment leurs effectifs en Corée.

Les transports maritimes ne paraissent pas devoir constituer une difficulté ; il est impossible de juger, avec le peu de renseignemens exacts qu’on possède, de la manière dont ils ont été effectués jusqu’à présent ; mais on connaît le tonnage dont le Japon disposait pour cette opération. A la fin de 1901, sa marine marchande comprenait déjà 170 vapeurs de plus de 1 000 tonneaux, jaugeant ensemble 443 000 tonnes, et en outre 66 vapeurs de 500 à 1 000 tonneaux jaugeant 43 000 tonnes dont certains sont susceptibles d’être utilisés ; depuis lors, cette flotte s’est fort accrue. Or on estime en général qu’il faut une centaine de mille