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J’ai reçu, la visite de plusieurs députés, de la duchesse de Vicence et de son fils ; enfin je suis en France au milieu de soldats qui me témoignent une grande sympathie ; je ne désire pas échanger cette position contre une meilleure en pays étranger. »


Au commencement de 1842, le 6 janvier :


« J’ai, dit-il, bien des remerciemens à vous faire pour la belle carte du canton de Genève que vous m’avez envoyée. Je la trouve encore plus claire que celle que fait l’Etat-major en France.

Je suis bien touché de la proposition que vous me faites, au nom de mademoiselle votre fille, de me copier un des tableaux auxquels je puis tenir ; mais, dans ma position toujours incertaine, je me suis habitué à ne plus attacher de sentimens aux choses inanimées ; car j’en ai trop perdu pour ne pas m’y accoutumer. »


Six mois plus tard, il écrit, le 25 août :


« Pardonnez-moi mon silence, qui est bien coupable ; mais j’ai été très occupé d’un ouvrage sur les sucres[1] que je tenais à terminer le plus tôt possible afin qu’il parût avant la réunion des conseils généraux. J’en augure un très bon résultat.

Aujourd’hui, profitant d’une occasion, je puis vous parler d’un fait qui vous fera plaisir. Il y a un mois environ, un régiment a passé par ici. J’étais à me promener sur le rempart, et officiers, sous-officiers et soldats sont venus en foule me témoigner par leurs saluts leur vive sympathie. J’ai été bien content de cette démonstration ; je n’ai point désespéré de l’avenir. Avec de la patience, on vient à bout de tout.

Je reçois de temps à autre quelques visites, et plus mon séjour se prolonge, plus je gagnerai dans l’opinion. »


Dufour partageait évidemment ces espérances, comme nous le voyons par le début de la lettre que lui écrit Louis-Napoléon, le 7 novembre 1842.


« Votre lettre m’a fait le plus grand plaisir, car elle était la vive et franche expression d’une amitié qui m’honore et qui, dans ma position, est une grande consolation pour moi. Parfois

  1. Analyse de la question des sucres, brochure publiée en août 1842.