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protestans ne pouvaient se rendre dans les colonies françaises, exclusivement réservées par le gouvernement de Charles X aux missions catholiques, ils trouvèrent là un champ d’activité favorable. Ce pays, en effet, grâce à son climat tempéré qui l’a fait surnommer la Suisse africaine, était salubre et propre à l’introduction de cultures françaises. Le pasteur Eugène Casalis et ses dignes collaborateurs, MM. Arbousset et Jacottet, ont, pour leur part, contribué à faire connaître ce pays par leurs rapports. Le premier a publié un livre intitulé : les Bassoutos, ou vingt-trois ans de séjour et d’observation au Sud de l’Afrique (1860). A son tour, le docteur Wangemann, inspecteur de la Mission évangélique de Berlin, donnait une description complète du pays des Cafres, dans deux ouvrages très bien documentés[1].

Ce furent aussi des missionnaires allemands, J. Ehrhardt, J. Rebmann et L. Krapf, mais cette fois au service de la Société de Londres, qui explorèrent avec succès le Choa, l’Ouzoumba et la région des Grands lacs. Les deux premiers découvrirent, le 11 mai 1848, les cimes neigeuses du Kenia et du Kilimandjaro, et par des rapports du plus haut intérêt, provoquèrent, de la part de la Société de géographie de Londres l’envoi des capitaines Burton et Speke. Ce dernier a décerné au pasteur Rebmann le titre de « promoteur de la découverte des sources du Nil. » De son côté, Th. Wakefield, missionnaire méthodiste, avait reconnu la région des sources du Nil blanc. Plus au Sud, l’arrière-pays de Zanzibar et le Bas-Zambèze étaient sillonnés par les agens de la Mission des Universités anglaises ; entre autres le révérend Mac Donald ; enfin, c’est un pasteur français, M. Coillard, qui, depuis quinze ans, a exploré la région du Haut-Zambèze et y a planté le drapeau de la civilisation[2]. La grande île africaine était aussi l’objet des investigations des Anglais et des Norvégiens. John Sibree (de la Mission de Londres) a publié le meilleur ouvrage, après celui de M. Grandidier, sur la géographie et l’ethnographie de Madagascar[3]et nous devons à deux pasteurs norvégiens, MM. Borchgrevink et Lars Dahle, des études de topographie remarquables sur les provinces d’Imerina et du Betsilco.

Mais tous ces travaux, si méritans qu’ils soient, pâlissent

  1. Deux ans de voyaye au Sud de l’Afrique, 1868-1872. — L’Afrique du Sud et ses habitans, 1881.
  2. Coillard, Sur le Haut-Zambèze, Paris, 1898, in-8o.
  3. Madagascar, Geschichte und Geographie, Leipzig, 1881.