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litteraturæ Sinicæ, du Père Zottoli, et ils publient chaque année un recueil de littérature et d’histoire sous le titre : Variétés sinologiques (1879-1880).

Les missionnaires protestans, qui ne sont guère arrivés en Chine que vers 1807, ont marché sur leurs traces. Les Allemands Gützlaff (mort en 1851) et le docteur Faber (en 1901), se sont fait une réputation méritée, le premier par sa grammaire et son dictionnaire chinois, et le second par sa belle Introduction à la science des religions chinoises (1879)[1].

Mais tous deux ont été surpassés par le docteur James Legge, missionnaire écossais qui, tout en exerçant son ministère à Hong-Kong, pendant trente années (1843-1873), employa si bien ses loisirs à étudier la langue, les mœurs et les religions chinoises, qu’il devint un sinologue de premier ordre. En 1875, sa belle carrière apostolique reçut une double couronne : il fut appelé comme professeur de chinois à l’Université d’Oxford et notre Académie des Inscriptions lui décerna le prix Stanislas Julien, pour sa traduction des classiques chinois, avec le texte original en regard (Hong-Kong, vingt-huit volumes de 1841 à 1852)[2]. Un baptiste américain, le docteur Fr. Merson (mort en 1874), a étudié la langue et les mœurs des Karens (Bas-Iraouaddy) et des habitans du Pégou (Birmanie anglaise), qui parlent des dialectes indo-chinois. Quant à la langue siamoise, elle a été dotée d’un dictionnaire par Mgr Pallegoix, cité plus haut, et la thibétaine doit au Père Desgodins un dictionnaire thibétain-latin-français, sorti des presses des Missions étrangères à Hong-Kong.

On donne le nom de touranienne à cette famille de langues, dont le berceau est l’Asie centrale, mais dont le domaine s’étend du Thibet septentrional jusqu’en Sibérie, et du plateau central de l’Inde au Japon. C’est à cette famille qu’appartiennent les idiomes dravidiens, parlés par les aborigènes de l’Hindoustan, qui, deux mille ans avant notre ère, furent conquis par les Aryas On doit à Ziegenbalg (mort en 1719), missionnaire allemand dans la colonie danoise de Tranquebar, les premières études sur le malabar et le tamoul[3]. Sa version du Nouveau-Testament en

  1. Faber a aussi composé trois livres sur la Théorie de Confucius (1882), celle de Mencius (1883) et celle de Mincius (1881).
  2. Faber a aussi composé trois livres sur la Théorie de Confucius (1882), celle de Mencius (1883) et celle de Mincius (1881).
  3. Voyez, par le même, les Notions des Chinois sur Dieu el les esprits (1852) et ses conférences sur le Confucianisme et le Taoïsme comparés au Christianisme, Londres, 1883.