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Borelli et Boerhaave, le but et la fin de la digestion. Les transformations mécaniques accompagnent en effet les opérations digestives ; elles les préparent ; mais il n’y a pas de doute que ces changemens ne soient très secondaires et accessoires en comparaison des actes chimiques.

Ces actes chimiques, Réaumur en 1752 et l’abbé Spallanzani, trente ans plus tard, en entreprirent l’étude chez les oiseaux. Leur attention se borna, bien entendu, à ceux seulement qui s’accomplissent dans l’estomac toujours considéré comme l’unique théâtre de la digestion. Et, d’ailleurs, les moyens d’action dont ils disposaient ne leur auraient pas permis d’atteindre ceux qui s’opèrent dans les autres sections du tube digestif. Le choix des oiseaux comme sujet d’étude s’explique par la facilité qu’ils offraient aux expérimentateurs désireux d’obtenir sans mutilation de l’animal les sucs de l’estomac. — La tradition de ces recherches fut continuée plus tard par Tiedmann et Gmelin en 1823 et par Leuret et Lassaigne. Ceux-ci, par des moyens plus compliqués, cherchaient également à obtenir les sucs digestifs pour en observer l’action in vitro, De même le médecin russe Bassow en 1833 et Blondlot en 1834 se procurèrent, par l’opération de la fistule gastrique, des quantités abondantes de suc gastrique. Et c’est ainsi que l’on arriva à connaître la phase de la digestion qui s’accomplit dans l’estomac.

Des opérations chimiques qui s’accomplissaient dans les autres parties du tube digestif, il n’était pas question ; on ne connaissait pas l’existence de ces modifications et moins encore leur nature. Et même on ne connaissait pas suffisamment les sucs qui sont préposés à leur exécution. Cependant c’est le travail chimique des parties qui suivent l’estomac qui, en réalité, est le plus décisif, le plus énergique, le plus important pour la réalisation du but de la digestion.

On peut dire, en suivant une comparaison employée par Pavlow que l’appareil digestif n’est pas seulement une usine stomacale, que c’est une série d’usines intestinales échelonnées sur un long parcours, dont les plus éloignées reçoivent des matières premières déjà ouvrées ou dégrossies dans les précédentes. Chacune de ces sections, comme le dit Pavlow, est pourvue de moyens d’action, de réactifs spéciaux (sucs digestifs) qui lui sont expédiés par des comptoirs ou ateliers (glandes digestives). Beaucoup de ces fabricans de réactifs travaillent dans des ateliers de famille dispersés dans le voisinage de l’usine sectionnaire, — et c’est alors l’image des petites glandes isolées