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plus nombreux de 50 000 hommes, ne perdait que 27 053 hommes. D’où l’on pourrait conclure que, si l’Allemagne, à ce qu’il semble, maltraite quelques-uns de ses soldats, elle en tue trois fois moins que nous.

Il est juste de dire que le projet de loi sur le recrutement, dont il est question ici, semble s’être à son tour préoccupé de cette crise et du moyen d’y parer en réservant d’une façon absolue aux élémens combattans la totalité des hommes bons. Dès 1895, la Chambre avait invité le ministre de la Guerre à lui « soumettre un projet de loi réglementant, tant à l’aide de dispositions nouvelles que par une révision d’ensemble des lois, décrets et instructions actuellement existans, l’organisation du service auxiliaire, de manière à assurer, sans prélèvemens sur les effectifs des combattans, les services intérieurs des unités, les services régimentaires et les services extra-régimentaires. »

Malheureusement, l’administration de la Guerre n’a tenu aucun compte de ce vœu, qui est aujourd’hui repris, pour :

1° Rendre des hommes valides au rang, à l’instruction militaire, au service armé ;

2° Permettre aux hommes du service auxiliaire de faire l’apprentissage en temps de paix de leurs fonctions du temps de guerre ;

3° Donner à ces hommes l’occasion de payer leur dette à la patrie, dans la mesure de leurs moyens.

Sur cette persistance à réclamer des dispositions qui ont fait jusqu’à présent, non moins que le nombre, la supériorité de nos adversaires, reposent les quelques espérances exprimées par nous au début de cette étude. Pourquoi faut-il qu’à ces espérances on puisse opposer et la triste constatation de nos mœurs actuelles, et les dispositions contradictoires et inquiétantes qui se rencontrent dans le projet de loi ?

Dans ces dernières années, en effet, on a positivement observé l’affectation des « demi-bons » aux unités combattantes, tandis que, par compensation, des « bons » étaient l’objet d’affectations latérales. C’est qu’à la crise générale des naissances, des contingens et des effectifs, venait s’ajouter la dépravation politique. Elle sévit plus que jamais depuis trois ans sur les opérations de nos conseils de révision ; tout opposant au gouvernement, qui n’est pas absolument hors d’état de servir, est déclaré bon. En revanche, les plus vigoureux et joufflus des garçons