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III

Ainsi, l’erreur est lourde de commencer par fixer arbitrairement la durée du temps de service, et de ne pas procéder, en matière si délicate, avec la méthode indispensable.

Ainsi, un programme de réorganisation générale, fondé sur la disproportion visible entre les facultés budgétaires et les ressources en hommes du pays, et, d’autre part, sur les dépenses, en argent et en soldats, qu’exigera la lutte future, peut seul nous donner l’instrument militaire à la fois logique et fort qui, par une réforme homogène des lois d’organisation, de recrutement et de cadres, remédiera aux insuffisances de nos ressources et les égalera au nécessaire.

Une telle réforme comporte nécessairement, nous croyons l’avoir démontré, un travail d’ensemble. Il ne doit pas être trop tard pour faire cet examen préalable, ni pour aborder, dans les commissions de l’armée, ces études organiques, alors même que le gouvernement s’est engagé formellement à une réduction du temps de service. D’ailleurs, fût-il trop tard, nous serions à temps pour joindre intimement, au projet de loi qui va venir en discussion, une loi des cadres et des effectifs, « réclamée avec instance au ministre de la Guerre. »

Les leçons d’une expérience trentenaire et, ajoutons-le, les exemples de nos rivaux, sont une base suffisante pour étudier des projets qui auront une répercussion inévitable sur la loi en discussion, car, de l’étude, même rapide, des évolutions parallèles de notre organisation militaire et de celle de nos voisins, se dégage également, avec une clarté intense, le programme de demain.

Lorsque, à la suite de la guerre de 1870, il fut nécessaire de reconstituer nos forces, il ne parut pas possible d’adopter immédiatement le système de la « nation armée, » qui avait conduit nos voisins à la victoire.

Le général de Cissey nous dota, par les lois de 1872 et 1875, d’une organisation extrêmement remarquable, quoique incomplète, et qu’on appela communément le service de cinq ans.

Quinze ans après, sous l’influence de certaines nécessités sociales ou politiques, et conformément à l’avis du général Saussier, généralissime, M. de Freycinet et le général de Miribel