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secrétaire de son mari défunt. Celui-ci consacra toute sa vie à la publication et à la glorification des œuvres de son maître, à la défense aussi de sa mémoire, et il eut en cela fort à faire, car elle fut vivement attaquée, comme nous le verrons dans la conclusion de cette étude.


LETTRES ÉCRITES AVANT LE MARIAGE

L’ordre chronologique des lettres écrites avant le mariage, tel que l’a établi Aimé Martin, dans le troisième volume de la Correspondance de Bernardin de Saint-Pierre, ne nous paraît pas exact. C’est Félicité, qui, la première, dut écrire à Bernardin ; cela n’est point pour surprendre, car nous savons que ce dernier demanda à Mme Didot mère qu’elle laissât sa fille écrire à sa place. A la lettre de la jeune fille, — lettre que nous ne possédons pas, et qui doit être postérieure au 15 août 1792, — Bernardin répondit par une lettre qu’Aimé Martin a classée la troisième de la correspondance imprimée[1], et qui est, pour nous, la première de l’auteur de Paul et Virginie. Si nous la publions à nouveau, c’est que la seconde lettre de Félicité, inédite celle-là, y répond.


Lettre n° 1. — De Bernardin de Saint-Pierre, — écrite de Paris, sans date, mais probablement du 20 ou 21 août 1792, imprimée par Aimé Martin, avec le n° 3. Au bas de cette lettre, Félicité Didot a écrit : « Reçu le 22 août 1792. Jour heureux pour Félicité[2]. »


« vous me priez de mon plaisir, mon aimable Félicité. Je désire la campagne et d’y être avec vous. Mes devoirs me retiennent à Paris encore pour plusieurs jours ; ensuite, si les circonstances me le permettent, je satisferai mon inclination en vous allant voir.

« ne vous laissez point effrayer par la vue de l’avenir. « Quand les hommes, dit Epictète, sont au comble de bonheur, ils n’imaginent pas qu’ils en puissent descendre ; et quand ils vont dans l’abîme du malheur, ils ne voient pas comment ils en pourront sortir. Cependant l’un et l’autre arrive, et les dieux l’ont ordonné ainsi, afin que les hommes sachent qu’il y a des dieux. »

« que ces motifs tout-puissans de consolation vous servent à

  1. 3 » vol., p. 93.
  2. Cette lettre ne fait pas partie de la collection Gélis-Didot.