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seront vos occupations ? faittes moi part de vos projets, je veux voir comment je les ferai cadrer avec les miens, pariés moi avec une entière confiance, vous avés raison, la dissimulation est un vice ; surtout à l’égard des personnes que l’on aime, celle que vous vous reprochés à l’égard de... prouve l’amour que vous avés pour vos devoirs mais c’est moi qui en suis la cause, je ne vous y exposerai plus, revenons à vos projets champêtres, ne pouriés vous pas y joindre l’étude de la botanique, vous avés de la mémoire et vous ne sauriés mieux la meubler qu’en la remplissant de fleurs et d’images agréables, vous êtes à portée d’étudier le système de Linn ? eus en arrangeant une des botaniques coloriées qui sont chez vous, c’est une douce occupation pour l’hyver et vous vous rendrés utile à votre Maman, je peux vous prêter les elemens de cette étude, par Jean-Jacques.

« un autre soin qui pouroit vous occuper est celui de réformer votre ortographe. [vos fautes ne sont pas nombreuses mais elles choquent d’autant plus que votre style est facile et plein de déli- catesse et de sentiment quand l’amour vous inspire[1].] par exemple vous écrives vous m’obligerai, au lieu de m’obligerez, veillez donc éloigné pour éloigner, ce sont de petittes taches, et vous n’en devés point montrer, votre esprit est susceptible de tout genre d’instruction, vous devés donc soigner un peu vos expressions, la parole est l’habit de la pensée ; la mauvaise ortographe est par raport à elle ce qu’une déchirure est à un habit, excepté un peu d’attention sur ce point, que la lecture vous donnera, ne suives pour modèle de votre style que la nature, soyés comme elle simple et sans fard, ne forcés rien, ne cherchés point vos idées dans votre esprit, mais dans votre cœur, pour bien s’exprimer il faut bien sentir, voilà mon enfant les conseils que te donne ton sincère ami. sois douce, c’est par la douceur que tu triompheras toujours, puissai je trouver en toi ce que j’ai cherché si longtems. sois ma colombe, je t’embrasse de tout mon cœur en te serrant dans mes bras, comme ton amant, puisque tu te dis ma meilleure amie et que tu ne penses être heureuse sans mon amitié, embrasse moi donc de toute ton ame. puissai je être un jour ta félicité comme tu es la mienne. »

  1. Passage publié par M. Maury.