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Lettre n° 5. — De Félicité Didot, — datée du 30 septembre 1792, d’Essonnes;. — inédite, sauf deux courts passages reproduits par M. Maury.

D’Essonnes, le 30 7bre de même.


« Il mest impossible mon aimable Ami de laisser partir, seule une lettre si réservée et par conséquent si éloigné des sentimens que vous me faite éprouvé, jai déjà eu mille fois l’idée de vous écrire mais je nai pu l’Efectuer étant dans la société d’une chère Amie que je ne puis quitter quelque instant sans en donner la raison, aussi aige sézie avec empressement l’occasion qui se présentoit en répondent 9, la lettre de maman.

« Si jai passé les plus heureux momens de ma vie dans votre société mon Ami, je puis vous assurer qu’ils ont servis à me faire sentir plus vivement les peines de l’absence, et sans la véritable Amie qui est auprès de moi jaurois bien des fois détesté les jours passé ici depuis votre départ (malgré mon goût décidé pour la campagne) les endroits même embelis par l’idée que vouvous y plaisiez me paroissent triste et sauvages ne vous y trouvant plus, cette prérie si riante que vous avez souvent contemplez avec plaisir loin de ce que j’aime m’inspire le sentiment contraire ; les Roches même dont le souvenir vous paroit agréable on perdues pour moi leur plus grand ornement ; (peut-être me blâmerez vous de devenir insensible aux Beautés de la Nature, mais je ne saurois m’en vouloir de ne sentir et de ne vivre que par vous, (quoi qu’il en puisse résulter) cependant en passant par la prérie qui conduit aux roches je me rapelai avec plaisir de la gaite que vous temoignate en cet endroit m’Estiment heureuse si j ai pu y contribuer en quelque chose : ]

« Quelque fois mon ami je me reproche comme égarement les marques d’Amitiez que je vous donnois ici les trouvant bien opposées aux règles que je m’etois prescrites : mais bientôt éloignant cette idée que je regarde comme mauvaise oppinion pourquoi me dige me faire un Crime, de ce que je prodigue sans auqu’un scrupule à l’Amie qui est présentement avec moi. la diference de sexce peut elle en aître la raison quand au contraire elle parroit rendre Généralement moins indissoluble les liens qui unissent ensemble ; aussi le nom d’Ami ne me parait plus assez significatif pour vous : mais c’est envala que j’en chercherois un qui puisse entièrement exprimer ce que j’éprouve, d’après cela je vous assure que je me trouverois fort offencée