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avoit longtems que vous y étiés exercée, par touttes les sollicitudes obligeantes qu’excite en vous les soufrances d’autrui ; cultivés cette pretieuse sensibilité : elle fera votre bonheur, je n’ai pas besoin de vous dire quelle fera le mien, ma santé se soutient ; cependant jai encore de petits mouvemens fébriles, si vous êtes encore a Essonnes a la fin de la semaine prochaine, jirai vous voir avec le Cit. Moreau, qui va donner a mes ouvrier de quoi s’occuper une partie de l’hyver, tant pour achever lintérieur de la maison que pour faire un jardin d’agrément devant sa façade du midy. ma santé se renforce chaque jour, et a cette époque nous pourions vous ramener à paris, pour conclure mon bonheur.

« en attendant j’ai terminé mes affaires avec les professeurs du Muséum, je ne suis plus occupé que du soin de déménager ; le voiturier du Cit. Avard qui ma remis votre lettre ma manqué de parole, car il n’est point revenu prendre mes effets, je suis bien embarassé de ce transport, mais auparavant il faut que je voye si tout est dispose chez moi pour les recevoir.

« vous mettes beaucoup trop d’importance à mon nom. pour moi c’est vous que je veux épouser, adieu mon amie rien ne manque aux sentimens damour et destime que je vous porte. »


Lettre n° 12. — De Bernardin de Saint-Pierre[1], — timbrée de Paris ; sans date ; mais de novembre 1792 ; — inédite, sauf un court passage reproduit par E. Meaume.


A Mademoiselle

Mademoiselle félicite didot
chez Mr didot le jeune imprimeur libraire
quay des augustins

à Paris.


« javais du monde, hier, quand votre commissionaire est venu, je nai pu vous témoigner sur le champ tout l’interest que je prends à votre santé, vous avés pris votre rhume chez moi. vous avés part à ma mauvaise fortune, ainsi que vous laurés à la bonne, s’il plait a dieu, mon amie, tout l’espoir de mon bonheur est à la campagne, vous vous figurés ma maison avec des colonnes, vous vous êtes trompée, des colonnes ne conviennent point à une retraite champêtre, à une chaumière, laissons faires

  1. Cette lettre a le n° 44 dans la collection Gélis-Didot.