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« jai vue aujourd’hui ce qui peut marriver de plus malheureux après la perte de ton amitié que je mets au dessu de tout, jai vue la dissention parmi mes frères moi qui mettois toute ma jeoi à les voir bien ensemble ; mon père hors de lui de voir une pareille seine, et maman par le même sujet dans l’état le plus pitoyable ou les ataques de nerf l’est jamais mise, moi seule, hélas avoit conservé assé de sang froid pour sentir toute l’horeur dunne pareille seine, certainement en pareil cas un long évanouissement m’eut été plus heureux. Bon dieu mon ami que l’homme est éfroyable et méprisable dans les excès d’emportemens et combien peu alors nos larmes et nos prières sont écoutées. »

« je te revel la des choses dont je ne devrois pas t’importuner et que je devrois même caché pour lhonneur de mes frères mais tu es tout pour moi, après Dieu tu es toute ma consolation ; tu es plus pour moi que père mère et frères. C’est toi qui réuni mes affections les plus tendres, c’est de toi que je voudrois des conseils, car je sens toute lhoreure du procédé de mes frères sans pouvoir la leur faire partager et cependant tout mon désir seroit de les voir reconcilié. Mais ! mon ami je sens que je dois te fatiguer tu as tant dautres têtes exalté par le chagrin qui sadresse a toi, sûrement tu ne peux te mettre à ma place et sentir combien jai lieu d’être désolée mon ami pardonne moi en faveur de mes peinnes je ne devrois pas t’en ennuyer toi qui seul fait mon bonheur

« ce jeudi à minuit

« Fté DIDOT. »


Lettre n° 22. — De Bernardin de Saint-Pierre[1], — de Paris, datée du 8 octobre 1793 ; inédite.


« j’ai fait ta commission auprès de ton amie, ma chère félicité, je te charge maintenant den faire une pour moi, c’est de prendre dans les papiers de la commode de la chambre ou je couchois, deux parchemins dont lun est mon brevet de pension sur le trésor royal et l’autre celui d’intendant, tu les donneras a ton frère didot Audran[2]. j’en ai un besoin pressant, nos affaires, s’acheminent à un prompt et heureux succès, il étoit

  1. Cette lettre a le n° 51 dans la collection Gélis-Didot.
  2. C’était l’ainé des enfans de Pierre-François Didot et de sa première femme.