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M. Meaume, qui fut avocat et qui devait avoir la monomanie de la défense, ayant entre les mains une partie des lettres que l’on a lues, trouva qu’en les tronquant et en en détachant certaines phrases, il pourrait écrire une apologie de celui qu’il croyait calomnié et méconnu. Il fit une plaquette d’une extraordinaire partialité. Il y déclare que ces lettres devraient être publiées, mais il se garde de le faire, et se contente d’en accommoder certains passages à sa manière en les interpolant ; il se rendait compte, en effet, que, s’il les montrait toutes au grand jour, il n’atteindrait point, — au contraire, — le but qu’il s’était proposé, et qu’il ne pourrait plus écrire ce qu’il voulait conter : la légende de Saint Bernardin.

Nous avons pensé, nous aussi, que ces lettres devaient être publiées, ce qui, d’après des recherches minutieuses, n’avait point encore été fait. Nous les avons reproduites, toutes, en entier, telles qu’elles furent écrites : l’on a pu voir ainsi quel homme fut l’auteur de Paul et Virginie. Aurons-nous cependant raison de la légende ? Une légende littéraire n’est jamais facile à détruire, et surtout quand elle concorde avec l’idée que nous donnent de lui les ouvrages d’un grand écrivain.


JEAN RUINAT DE GOURNIER.