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Je crains le cor aussi, répondant à l’automne
Dans les vastes forêts que sa plainte remplit ;
Sous les pas des chevaux la feuille tourbillonne,
Et dans le soir tombant résonne l’hallali.

Et sans voir le clocher, je redoute la cloche ;
Quel espoir a sonné plus haut que son métal
Mêlé d’un argent clair parmi le fer rival,
Battement mesuré qui s’éloigne et s’approche ?

Défendez-moi de l’air par l’oiseau fait de cris,
De l’eau brisant l’écluse en colère sonore.
Musique d’élémens où j’ai si bien compris
Ce qui souffre au couchant et se plaint à l’aurore,

Tout rythme est un départ vers d’inconnus lointains,
Toute corde un tremplin vibrant à la pensée,
Des vagues et des sons les contours incertains
S’élargissent pareils sur la mer angoissée.

Mieux vaut ne rien entendre à qui n’offre jamais
Sa vie à la chimère ailée et triomphante,
Qui supprime l’espace et cherche les sommets.
Et peut forcer l’azur de ce ciel qui nous hante.

CHANTELOUP


Cherchez la place ; où fut le féerique château ?
L’herbe pousse et verdit les profondes allées,
Et la Pagode seule au milieu du plateau
Témoigne pour la fin des grandeurs écoulées.

Elle monte amincie en étages nombreux,
Fière encore au sommet, et de bases fragiles ;
Le vent qui l’escalade avec ses bonds frileux
Fait trembler les balcons, les grilles et les tuiles.

Il souffle ! il agrandit l’espace limité
De la calme Touraine indulgente aux ruines,
Vers Amboise, au royal domaine inhabité,
Vers la Loire, argentant le pied de ses collines ;