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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai.


Les élections municipales ont été meilleures qu’on ne l’espérait. Il faut mettre à part Paris, où le gouvernement a obtenu un incontestable succès ; mais les élections de Paris ont toujours été quelque peu capricieuses, et souvent différentes de celles du reste de la France. Il y a quatre ans, Paris avait donné une majorité très faible à l’opposition : il vient de donner une majorité un peu plus nombreuse, mais qui reste encore très faible, au gouvernement. En province, les choses ont évolué en sens inverse. Il y a quatre ans, le gouvernement affectait de se consoler de la perte de Paris en faisant sonner bien haut sa victoire de province. Aujourd’hui, la situation est retournée : il serait sans doute excessif de dire que le gouvernement a perdu la province, mais il y a incontestablement fait des pertes, et quelques-unes fort sensibles. Sa politique à outrance commence à être moins appréciée un peu partout, mais particulièrement dans les villes ; ou du moins c’est dans les villes qu’on peut le mieux se rendre compte de ce premier mouvement de réaction.

Dans les campagnes, comment savoir ce qui s’est passé ? Il y a trente-six mille communes ; il y a eu par conséquent trente-six mille élections, et comme ces élections se sont faites sur des listes, et qu’il y en avait généralement deux en présence, sinon trois, le nombre des candidats a été de plus de huit cent mille dont la moitié constitue le nombre des élus. La vue la plus perçante a de la peine à démêler quoi que ce soit au milieu d’une pareille foule. S’il y avait eu un grand mouvement dans un sens ou dans l’autre, on l’aurait quand même aperçu, et si on n’en a pas aperçu, c’est sans doute parce qu’il n’y a pas eu de grand mouvement. La situation rurale s’est maintenue à peu