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affamés, ajoute-t-il, ne doivent pas avoir plus d’yeux que d’oreilles, et d’ailleurs un musée n’est pas et ne « doit pas être un établissement de charité, un refuge. » C’est cependant ce que le Louvre est devenu, et ce n’est pas pour les vagabonds que l’hospitalité y est inconfortable ; ils y sont maintenant chez eux, et c’est eux qui l’ont rendue telle pour tous ceux dont la fréquentation de notre Musée est justifiée par la nature de leurs études. La question doit donc être examinée à nouveau, sans ces déclamations soi-disant libérales, avec l’intention bien arrêtée de mettre fin à une situation vraiment scandaleuse et intolérable. Ainsi que l’ont compris tous ceux qui l’ont étudiée d’une manière impartiale, une solution mixte semble de nature à concilier tous les intérêts engagés dans cette affaire, c’est-à-dire : outre la gratuité du dimanche, celle d’un autre jour de la semaine, le jeudi par exemple ; et, pour les jours restans, une rétribution qui, fût-elle minime, aurait pour effet certain de débarrasser le musée de tout ce personnel, parasite qui l’encombre, sans qu’aucun souci de l’art y explique sa présence. Est-il besoin d’ajouter que, dans la plus large mesure, des cartes d’entrée permanente et gratuite seraient données aux artistes, aux critiques, aux professeurs de lycées ou d’institutions pour leurs élèves, à tous les patrons et à tous les ouvriers d’industries d’art qui justifieraient de l’intérêt qu’il y a pour eux à fréquenter le Louvre. Une telle restriction, sans présenter aucun inconvénient, aurait pour effet certain de supprimer ce privilège à rebours qui tend à s’établir en faveur de gens qui n’ont aucun droit à étaler leur fainéantise dans notre Musée national, pour le plus grand dommage de ceux auxquels son accès et toutes les facilités d’étude doivent être accordés.


III

Dans les locaux affectés aux diverses sections du Louvre, l’arrangement des collections qu’ils renferment est en général satisfaisant et il n’est que juste de signaler quelques-unes des améliorations récemment réalisées à cet égard. Les tableaux disposés par écoles et autant que possible dans l’ordre chronologique le long de la grande galerie sont aujourd’hui moins serrés sur les parois ; des cartouches fixés aux cadres donnent au public toutes les indications utiles sur les sujets représentés, le