Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/670

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur valeur est attestée par les élèves distingués qui, après les avoir fréquentés, ont conquis une notoriété légitime, non seulement en France, mais à l’étranger. Depuis, sous la pression d’un mouvement irrésistible, le Collège de France et la Sorbonne se sont aussi ouverts à cet enseignement qui y embrasse maintenant plusieurs périodes de l’art. Après s’y être quelque temps refusée, la Faculté des lettres admet aujourd’hui au doctorat des thèses traitant des questions artistiques. Nous ne songeons pas à nous plaindre que ces divers foyers d’études puissent faire, à l’occasion, double ou même triple emploi, car, suivant ces différens milieux, ces études ont aussi un caractère différent. Plus libres au Collège de France, puisqu’elles ne visent aucun but déterminé, elles sont à la Sorbonne rattachées de plus près aux études littéraires, philosophiques ou historiques, et peuvent préparer à des examens conférant des grades. C’est à les incliner vers un résultat plus pratique et plus spécialement professionnel qu’on devrait s’appliquer au Louvre, c’est-à-dire à la formation du personnel que réclame la direction de nos musées parisiens ou provinciaux, tout en donnant, bien entendu, aux élèves la culture générale qu’ils doivent en même temps recevoir. De même que l’École des chartes forme des archivistes et des bibliothécaires, il faut que l’École du Louvre serve au recrutement des conservateurs de nos musées. Je sais que quelques-uns des professeurs du Louvre se préoccupent déjà de cette préparation ; mais ce qu’ils font isolément et de leur plein gré devrait être la règle pour tous. Il y a là, en effet, une lacune très regrettable et qu’il importe de combler. Que de fois, en visitant les musées de province, on a pu constater l’inégalité extrême qui existe dans la tenue de ces collections, dans le savoir de ceux qui les dirigent, dans la manière dont ils comprennent leurs fonctions. Je sais bien que ces collections sont elles-mêmes d’importance et de valeur fort inégales et que même dans plusieurs de nos grandes villes, les municipalités ne consentent pas toujours aux sacrifices nécessaires pour assurer convenablement leur entretien. Il est cependant un niveau au-dessous duquel il ne faudrait pas descendre et c’est à relever ce niveau que peut prétendre l’École du Louvre. Si, trop souvent, nos musées départementaux offrent le spectacle attristant de locaux peu honorables, mal soignés, où, sans choix et comme au hasard, sont entassés une foule d’objets disparates, combien de fois, en revanche, même dans des centres très