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et, dans les villes, veillent aux portes de l’habitation impériale. Ce sont les gardes du corps ; ils sont nombreux, plus de cinq cents, recrutés parmi les Bouakhar et relevant d’un caïd-er-raha, choisi dans la tribu.

Le chambellan — hagib — est le chef des quatre corporations, préposées au service intérieur du palais, à savoir les moualin-el-oudhou, les moualin-ettaï, les moualin-el-frach et les moualin-essejada. Les deux premières de ces corporations sont composées d’esclaves nègres de choix. Les moualin-el-oudhou — gens des ablutions — sont les huissiers du cabinet impérial : il en existe une cinquantaine, sous les ordres d’un khalifa désigné par le hagib, et il était d’usage que le hagib lui-même fût choisi parmi eux. Ce hagib était donc l’esclave de confiance, le favori du maître, qui l’élevait à son intimité, et, en signe de dépendance, il devait toujours rester pieds nus devant le souverain. Les moualin-ettaï, gens du thé, sont également des esclaves nègres, une dizaine environ, dirigés par un khalifa du hagib ; ils préparent, dans une pièce à eux réservée, tout ce qui est nécessaire pour le thé impérial. Quelques-uns, qui sont les moualin-el-ma, gens de l’eau, doivent se procurer et distiller l’eau puisée à des sources désignées ; ils remettent l’eau ou le thé requis aux négresses affectées aux appartemens privés du monarque.

Les moualin-el-frach, gens du lit, au nombre d’une vingtaine, appartiennent à des familles choisies parmi les tribus makhzen, et auxquelles cet office revient héréditairement. Ils sont préposés à l’arrangement du bureau ou de la tente du sultan ; quand celui-ci se rend le vendredi à la mosquée, ils lui portent son tapis de prière. Il est d’usage que le hagib fasse, de droit, partie de cette corporation et en devienne le chef.

Les moualin-essejada, gens de la natte, sont les gentilshommes de la chambre, recrutés en général parmi les chorfa de la dynastie régnante ou les caïds en disponibilité. A tour de rôle, chacun d’eux a son jour de service ; ils sont porteurs de la natte de prière, qu’ils étendent à terre, aux heures rituelles et selon la direction voulue, dans la pièce où se trouve le sultan. À cette corporation, se rattache le petit groupe des moqqetin, muezzins chargés de calculer et d’annoncer les heures de prière.

Tandis que le hagib, avec ces quatre corporations, assure le ser- vice intérieur du palais, la direction des services extérieurs relève du Caïd-el-méchouar. Ce grand dignitaire peut appartenir à une