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ouvrage en fer ou en acier, noyé dans l’eau salée, durerait vraisemblablement de soixante à quatre-vingts ans, peut-être même un siècle[1] ; et ils en concluent qu’après cette période, bien suffisante pour assurer une exploitation rémunératrice et amortir tous les capitaux engagés dans la construction, on pourrait, on devrait même renouveler complètement le viaduc immergé en y introduisant les modifications et les perfectionnemens que l’expérience aurait indiqués, si l’on ne préférait pas y substituer un autre ouvrage tout à fait différent.

Ils indiquent en outre que divers procédés peuvent être employés pour assurer la conservation du fer et de l’acier dans l’eau de mer, entre autres, l’action de couples voltaïques ; mais ils avouent sincèrement que rien n’a été encore expérimenté à ce sujet d’une manière tout à fait probante.

Ils proposent enfin, — et cette modification détruirait complètement l’objection soulevée, — de substituer au pont en fer immergé au fond de la mer un viaduc en béton qui serait tout à fait inaltérable et sur la masse duquel l’eau salée n’exercerait aucune action sensible. Il n’y aurait d’ailleurs rien d’innové pour les piles du viaduc. Les pylônes en acier de l’ouvrage métallique, qui doivent être creux, seraient simplement remplis de béton, et c’est sur ce béton seul que l’on compterait pour supporter le tablier, le coffrage métallique dans lequel il serait coulé n’étant qu’une enveloppe extérieure qui pourrait très bien disparaître à la longue sans que la stabilité de l’ouvrage soit compromise. Le caractère distinctif de cette solution consisterait donc à faire reposer, sur ces piliers en béton, non plus des travées métalliques plus ou moins altérables et destructibles, mais des arches en béton inattaquables par l’eau de mer. Le chariot porte-train, appelé à rouler sur le viaduc immergé, serait le même que celui que nous avons précédemment décrit et comporterait deux séries de galets de roulement espacés de 30 mètres environ. Ce viaduc serait formé de deux lignes de ponts parallèles, ayant le même espacement de 30 mètres, portant chacune une des voies de roulement du chariot et entièrement indépendantes l’une de l’autre, leur stabilité propre rendant inutile toute liaison entre elles. Les voûtes en béton de ces deux lignes de ponts seraient en arc de cercle de 3 mètres de flèche, auraient 30 mètres d’ouverture

  1. Résal, Ponts, fers et aciers.