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plusieurs de nos officiers, parmi lesquels les lieutenans Kieffer et Faure, entreprirent des reconnaissances qui, sans aboutir à une constatation positive, eurent le mérite de préciser les données du problème.

De toutes les explorations exécutées jusqu’en 1902 dans cette partie de l’Afrique tropicale, la plus significative est, sans contredit, celle du capitaine Löfler. Après une brillante reconnaissance entre la Sangba et le Chari, il se rendit par terre du Logone au Mayo-Kabi en suivant un chapelet de mares terminées par un lac allongé qui n’est autre que le Toubouri. Son itinéraire atteint Binder ou Binndéré avant de se rabattre sur le lac de Léré et de rejoindre la haute Sangha. Pour lui, toutes ces nappes et toutes ces mares font partie de la même dépression qui doit s’étendre de la Bénoué au Logone.


Tandis que le capitaine Löfler achevait sa belle exploration, le capitaine Lenfant ravitaillait par le bas Niger, malgré les terribles rapides de Boussa, nos territoires du Soudan central. Il apprit à Lokodja que des pirogues indigènes descendaient la Bénoué « depuis un fleuve qui n’avait pas de bords » et, dès lors, il se promit d’étudier cette voie en s’engageant résolument sur les traces de Macdonald et de Mizon.

De retour en France, le capitaine Lenfant s’ouvrit de son projet aux personnes les plus aptes à le faire aboutir. M. le docteur Hamy lui obtint de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, sur la fondation Benoît-Garnier, un large prélèvement auquel s’ajouta par la suite une subvention du Comité de l’Afrique française et un don de M. Esnault-Pelterie, président de l’Association cotonnière coloniale. M. Le Myre de Vilers mit dès le début son activité féconde au service du projet, et, sous son impulsion, la Société de Géographie assura sur ses propres ressources le complément nécessaire à l’exécution du programme que le capitaine Lenfant lui avait soumis. Le ministre des Colonies, M. Doumergue, approuva les mesures prises, chargea cette Société d’organiser la mission, et tint même à s’associer à son entreprise par une généreuse participation.

Cet heureux accord permit de hâter les préparatifs. Le 6 juillet, le Benoît-Garnier, chaland en acier jaugeant 20 tonnes et mesurant 12m, 50 de long sur 2m, 50 de large, était lancé sur la Seine, à Bezons, puis transporté sur le Paraguay, des Chargeurs-Réunis ; le 15, le capitaine Lenfant, accompagné du maréchal des logis Lahure, ancien compagnon du brillant et regretté Jean Duchesne-Fournet en Ethiopie, montait à bord de ce paquebot et quittait Bordeaux pour Dakar, où le rejoignait l’enseigne de vaisseau Delevoye. Le personnel comprenait