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la solde et de l’entretien des troupes ; il s’est peu à peu substitué au sultan pour devenir le chef réel de l’armée. L’amin-el-oumana est le chef du corps des oumana, choisis parmi les familles de négocians enrichis, à qui sont confiées, dans tout le pays, les fonctions d’ordre économique ; car on a jugé qu’ils auraient, à la fois, plus d’expérience pour les remplir et une fortune suffisante pour garantir la sincérité de leur gestion. L’amin-el-oumana tient en mains tout le service financier et se trouve être le ministre des Finances. Auprès de l’amin-el-oumana figurent trois hauts fonctionnaires, dont les beniqas distinctes relèvent du département des Finances ; l’un, l’amin-ed-dekhel, l’amin des rentrées, perçoit les revenus, et les verse au Trésor ; le second, l’amin-ech-chkara, l’amin des dépenses, puise dans le même Trésor afin de régler les dettes du makhzen ; le dernier, l’amin-el-hsab, l’amin des comptes, contrôle la comptabilité transmise au makhzen par les oumana, en fonctions dans tout l’empire, et fait office de Cour des comptes. L’ouzir, l’ouzir-el-bahr, l’allef et l’amin-el-oumana sont les quatre principaux vizirs, dont l’influence domine les conseils du gouvernement. Il existe cependant un autre fonc(ionnaire, doté d’une beniqa spéciale et qui peut être considéré comme le ministre de la Justice ; c’est l’ouzir-ech-chikayat, le ministre des Réclamations... Toutes réclamations, adressées au makhzen par les caïds ou les tribus, aboutissent à ce personnage, qui les répartit entre les juridictions compétentes. Les plaignans, qui encombrent le Dar-el-makhzen, aux heures de makhzénia, ont accès auprès de ce ministre, créé tout exprès pour entendre leurs doléances.

Bien que la fonction de hagib, en tant que chef des services intérieurs du palais, soit une charge de Cour plutôt qu’une charge d’État, le chambellan n’en dispose pas moins, lui aussi, d’une beniqa, dans laquelle il procède à l’ordonnancement des dépenses de la Cour. Il devient, à ce titre, ministre de la Maison impériale. Le caïd-el-méchouar, chef des services extérieurs de la Cour, ne possède point de beniqa propre ; il est néanmoins considéré comme un des grands fonctionnaires du makhzen ; dans les solennités, il remplit l’office de maître des cérémonies ; c’est lui qui remet en mains propres la correspondance adressée au souverain et introduit auprès de lui les caïds, ayant obtenu la faveur d’une audience ; c’est également lui qui se charge de les arrêter, quand ils ont encouru la disgrâce chérifienne.