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aux grises. C’est avec de pareils mélanges ou avec des fontes grises seules qu’on fabrique des tuyaux de conduite, des colonnes, des bâtis, volans, cylindres, pistons de machines, des fourneaux, des grilles, des vases, des statuettes, etc.

Et maintenant, que l’on affine, c’est-à-dire que l’on décarbure de la fonte, grise ou blanche, de façon à n’y laisser que de 4 à S millièmes au plus de carbone, et l’on aura ce que l’on appelle du fer, métal doux, résistant et malléable.

Que si on décarbure de la fonte ou du carbure du fer de façon à obtenir un produit contenant de 5 à 20 millièmes au plus de carbone, alors on obtiendra ce qu’on appelle de l’acier, produit d’art qui, par sa composition, tient, on le voit, le milieu entre le fer et la fonte. Moins fusible que cette dernière, l’acier est plus fusible, plus résistant, plus dur, et, en même temps, quoique malléable, plus cassant que le fer. Mais ce qui, par-dessus tout, le distingue essentiellement de ce métal, c’est que, plongé encore rouge dans l’eau froide, il prend la trempe, c’est-à-dire devient plus dur, plus résistant qu’il n’était et, par conséquent, pratiquement indéformable, la « faculté de la trempe » augmentant, d’ailleurs, avec la proportion de carbone.

Quant à la décarburation de la fonte, elle s’opère soit à l’aide de l’oxygène d’un courant d’air, soit à l’aide de matières comburantes spéciales : battitures (oxydes de fer que les usines fournissent elles-mêmes en abondance), vieux fers plus ou moins oxydés, minerais de fer eux-mêmes. Ces matières jouent un double rôle, car, mélangées à la fonte préalablement fluidifiée, elles sont réduites par son carbone et, dès lors, affinent cette fonte : 1° par leur fer, dont l’addition diminue la proportion relative de carbone contenue dans la masse traitée ; 2° par leur oxygène, qui brûle l’excès de carbone dont il reste encore à la débarrasser. Notons, enfin, que l’oxygène, qu’on l’emprunte, soit à l’air, soit à l’une quelconque des matières précédentes, est nécessaire à la combustion, c’est-à-dire à l’élimination des élémens étrangers (silicium, soufre, etc.) énumérés plus haut.

Ces notions indispensables rappelées, — et la suite montrera combien ce rappel était nécessaire, — étudions les variations qu’a subies, au cours du dernier siècle, la fabrication du fer et de l’acier.

Jusqu’en 1864 environ, l’affinage s’opérait dans les fours à réverbère inventés par Cort en 1784, et qu’on appelle fours à puddler.