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En résumé, il n’apparaît pas que l’électrolyse soit à même, d’ici longtemps, de concurrencer d’une façon sérieuse les procédés actuels de la grosse métallurgie. Abstraction faite de l’or et de quelques métaux : potassium, sodium, magnésium, etc., plus que secondaires, il n’y a, pour l’instant, qu’un seul métal de quelque importance, l’aluminium, dont l’extraction ne se fasse que par cette méthode, et cela parce que les minerais traités aujourd’hui, savoir : la cryolithe (combinaison de fluorure d’aluminium et de fluorure de sodium) et le corindon (alumine, c’est-à-dire oxyde d’aluminium) sont remarquablement purs. Encore a-t-on dû avoir recours, pour cette fabrication, au four électrique.

Celui que l’on emploie d’ordinaire est dû à Héroult : il est constitué par une sorte de grande cuve en tôle, d’une contenance d’environ 350 litres, munie d’un trou de coulée et garnie, à l’intérieur, d’un revêtement en charbon. De gros cylindres de charbon forment l’anode, reliée au pôle positif d’une dynamo, le fond même de la cuve jouant le rôle de cathode. La fabrication s’opère, d’ordinaire, comme il suit : on introduit d’abord de la cryolithe, puis on lance le courant. La chaleur qu’il dégage en traversant la cryolithe, corps mauvais conducteur, la fait fondre, la rend, par suite, électrolysable et, si le courant est bien réglé, seul le ; fluorure d’aluminium est décomposé : l’aluminium se précipite à l’état liquide au fond de la cuve, le fluor se dégageant autour des charbons de l’anode. Pour entretenir le bain, — car la cryolithe ne sert qu’à amorcer les réactions, — on introduit constamment, autour de l’anode, de l’alumine (corindon), qui, attaquée et transformée par le fluor en fluorure d’aluminium, se dissout peu à peu dans le bain et est, à son tour, électrolysée. Bref, de l’aluminium liquide s’amasse de plus en plus au fond de la cuve, dont on l’extrait par le trou de coulée, tandis que l’oxygène de l’alumine brûle peu à peu les charbons de l’anode et s’échappe enfin à l’état de gaz carbonique.

Si connu que soit l’aluminium, rappelons, cependant, que ce métal léger comme le verre, brillant et inoxydable comme l’argent, résistant et malléable, facilement fusible, excellent conducteur de la chaleur et de l’électricité, est, très probablement, comme l’a fait observer Berges, le métal de l’avenir, car l’argile, dont on l’extraira sans doute un jour quand ses minerais actuels seront épuisés, est plus abondante que les composés du fer à la