ceau tient au rythme des vers, que la musique a fidèlement suivi.
La belle aronde, messagère de la gaie saison,
Est venue ; je l’ai vue.
Elle vole mouchelètes, elle vole moucherons.
La vela, je la voy, je recognoy le dos noir ;
Je l’y voi le ventre blanc qui l’y treluit au soleil ;
La vela, je la voy, elle vole mouchelètes, elle vole moucherons.
Gentille aronde, tu viens
Avec l’aimable printems ;
Après l’été tu t’en vas,
Oncques hyver ne sentis.
Ainsi l’opposition ou la diversité métrique est double. Elle existe d’abord entre les deux périodes ; puis elle se retrouve au sein même de la première, qui sert de refrain. Sans doute le poète et le musicien ont ici, comme presque toujours alors, par un choix purement arbitraire, distingué les syllabes en longues et brèves, et la quantité forme l’élément premier ou, comme nous le disions plus haut, la base de la rythmique. Mais elle n’en forme que la base et c’est au-dessus, fort au-dessus d’elle, qu’une ordonnance métrique infiniment plus vaste s’élève et se déploie.
Comme la quantité dans le rythme, le rythme à son tour s’absorbe et se fond dans la beauté générale, et je dirais volontiers universelle, de la musique du XVIe siècle. L’intention n’avait été que de ressusciter l’ancienne métrique ; mais les œuvres, ainsi que, par bonheur il arrive souvent, dépassèrent, et de beaucoup, la théorie.
Dans la définition que donne M. Expert, et que nous citions plus haut, de notre musique du XVIe siècle, on trouverait un mot à reprendre. « C’est, dit le savant éditeur, l’art pour l’art des sons combinés entre eux. » Oui : « des sons combinés entre eux ; » mais ce n’en est pas : « l’art pour l’art. » Alors, quoi qu’aujourd’hui nous puissions parfois trouver d’aride, ou d’abstrait en cette forme, qui n’est plus nôtre, de la polyphonie vocale ; alors, comme à toute époque vraiment grande, la musique fut beaucoup moins l’art pour l’art que l’art pour l’âme, l’art