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Pour modestes qu’ils soient, les services financiers jouissent d’une assez sérieuse organisation. Ils sont confiés au corps des oumana, qui a été institué sous le règne de Moulay-Sliman, lorsque le makhzen, renonçant au monopole du commerce extérieur, qui existait à son profit, se décida à établir des douanes dans les ports ouverts. D’abord, ces oumana furent exclusivement recrutés parmi les négocians de Tétouan, Salé et Rabat ; à la fin du règne de Moulay-abd-er-Rahman, on s’adressa aussi aux gens de Fez, qui acquirent promptement la prépondérance parmi les agens fiscaux du makhzen. Chaque année, une liste est dressée par le ministre des finances, contenant les noms des commerçans établis dans les quatre villes favorisées et susceptibles de remplir les fonctions d’amin ; c’est d’après cette liste que sont pourvus les divers postes, au fur et à mesure des vacances ; il est d’usage de ne point laisser un amin en place au delà de deux ou trois ans. Avec la complication croissante de la comptabilité et des services, il a fallu instituer toute une variété d’oumana. Ceux des douanes, installés dans les ports ouverts, perçoivent les droits d’exportation et d’importation ; comme ils détiennent la majeure partie des espèces recouvrées par le Trésor, le makhzen en fait ses banquiers, tire sur eux pour ses paiemens et leur demande, en cas de besoin, des envois de fonds. Les oumana-el-mostafad ont été placés dans toutes les villes comme receveurs des contributions indirectes, depuis que ces taxes ont été généralisées et développées par Sidi Mohammed-ben-abd-er-Rahman, après la guerre de 1860 avec l’Espagne. Pour l’achour et le zekkat, les évaluations sont effectuées par les soins des oumana-el-kers (administrateurs des impôts), qui sont le plus souvent de grands propriétaires, exerçant leurs fonctions de père en fils et disposant de circonscriptions fort étendues ; leurs agens parcourent le pays lors de la moisson et procèdent dans les tribus à l’estimation de la récolte ; cela fait, chaque caïd devient responsable de la quantité due par ses administrés, au titre de l’achour, qui, selon les usages de la tribu ou les exigences du makhzen, doit être payé en argent ou apporté en nature au mers le plus prochain, contenant les silos de l’État. Quant au zekkat, il est toujours acquitté en espèces, en proportion du bétail possédé par chaque tribu.

Dans les ports, la douane constitue une caisse publique, renfermant des fonds d’Etat. Dans l’intérieur, le Trésor dispose, à