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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juin.


La Chambre des députés a commencé la discussion de la loi sur le service de deux ans. Les séances se poursuivent avec quelque monotonie, malgré l’importance de la réforme qu’il s’agit d’introduire dans notre organisation militaire. Le dénouement est d’ailleurs connu d’avance ; le parti pris de la majorité est inébranlable. C’est encore une loi qu’il faut accepter en bloc. Les socialistes sont même allés très audacieusement jusqu’au dernier terme de cette méthode : ils auraient voulu qu’on votât la loi telle qu’elle était venue du Sénat sans prendre la peine de la discuter. Cette loi, disent-ils, traîne depuis assez longtemps. — Il faut en finir, ne fût-ce que pour passer à un autre exercice. Les lois sociales attendent. M. Millerand a déjà manifesté une grande impatience de les aborder, et ce sentiment est partagé par bien d’autres. Puisque l’accord est fait, à peu de chose près, sur la loi militaire, qu’on la vote au galop : elle n’en vaudra ni plus ni moins, et qu’importe au surplus ? Elle n’est pas faite pour durer ; elle n’est qu’une étape dans la voie qui nous conduira aux milices et nous donnera enfin la véritable armée démocratique. — Le rapporteur, M. Berteaux, s’est ému en entendant ce langage sortir de la bouche de M. Jaurès, et il a essayé de convaincre la Chambre qu’elle construisait un « monument » définitif et intangible. C’est le dernier mot du progrès. Nous voudrions le croire, car, même dans la désorganisation et dans l’affaiblissement qui en résulte, on est heureux de rencontrer un point d’arrêt : mais, de M. Jaurès et de M. Berteaux, il est à craindre que ce ne soit le premier qui ait raison. En attendant, nous