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cote officielle de la Bourse de Paris enregistre plus d’une vingtaine de types divers, dont les principaux sont les rentes 3, 3 1/2, 4 pour 100, de nombreuses catégories d’obligations de chemins de fer devenues dette de l’État, les obligations 3 1/2 pour 100 de la Banque foncière delà noblesse, qui sont également reconnues comme telles. L’Allemagne, la Hollande, l’Angleterre possèdent ensemble de 2 à 3 milliards de fonds de la Russie. Celle-ci doit donc, si on accepte une évaluation d’environ 11 milliards de francs comme représentant le montant de ses rentes possédées par des étrangers, remettre annuellement plus de 450 millions de francs à Paris, Londres, Berlin, Amsterdam pour assurer, le service des intérêts et de l’amortissement. C’est un point qu’il ne faut pas perdre de vue.

Le mécanisme de la circulation fiduciaire en Russie a été exposé, ici même, il y a quelques années[1]. Depuis lors, la réforme monétaire que nous faisions pressentir s’est heureusement achevée dans les conditions annoncées par nous ; elle a été accompagnée par une transformation de la Banque d’État, qui reste seule chargée dans l’Empire de l’émission des billets, mais qui est désormais soumise, pour cette création, à des règles beaucoup plus sévères qu’autrefois. Au cours des années prospères qui marquèrent pour la Russie la fin du XIXe siècle, la circulation ne cessa de diminuer, tandis que l’encaisse de la Banque et celle du Trésor suivaient une marche ascensionnelle. Au point de vue du rapport des ressources métalliques au chiffre du papier, la Banque de Russie est dans une situation plus forte qu’aucun autre établissement du monde. Le Trésor des États-Unis lui-même ne possède pas une réserve d’or qui dépasse dans la même proportion les billets émis.

Il est un autre établissement public, la Banque de la noblesse, dont la situation apparaît comme moins brillante que celle de la Banque d’État. Elle a consenti plus de 700 millions de roubles de prêts hypothécaires aux nobles, qui forment en Russie une classe privilégiée, à laquelle des avantages même pécuniaires sont consentis, puisque le taux auquel ils obtiennent des avances sur leurs terres est inférieur à celui que paient les emprunteurs de l’autre établissement foncier de l’État, la Banque des paysans. La Banque de la noblesse a émis pour 560 millions

  1. Voyez, dans la Revue du 1er juillet 1895, les Finances russes, le budget et le rouble.