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Pour arriver à ce résultat, le Japon a dû faire un effort plus énergique encore que la Russie : d’une part, celle-ci a eu, depuis 1888, à sa disposition les ressources puissantes des marchés français qui, en absorbant ses emprunts, en ont élevé le prix, abaissé le taux de capitalisation, et lui ont permis d’accumuler aisément les milliards de métal jaune dont elle avait besoin ; d’autre part, le Japon, en contact immédiat avec un continent dont, jusque vers la fin du XIXe siècle, l’étalon était l’argent, devait s’abstraire plus complètement encore des influences ambiantes pour reconnaître l’intérêt qu’il avait à prendre une détermination, contraire en apparence au développement de ses relations commerciales avec la Chine et l’Extrême-Orient. L’événement ne tarda pas d’ailleurs à prouver que, loin de souffrir de l’établissement de l’étalon d’or, les échanges internationaux du Japon ne faisaient que s’accroître. Ses exportations, qui étaient en 1890 de 56 millions de yen, avaient presque quintuplé en 1902 et s’élevaient alors à 258 millions ; durant la même période, les importations avaient passé de 81 à 271 millions de yen. Il faut toutefois se rappeler, en faisant cette comparaison, que le yen d’argent avait encore en 1890 une valeur supérieure à celle que la réforme monétaire a assignée au yen d’or. Bien qu’une certaine correction doive être apportée de ce chef aux chiffres ci-dessus, l’écart entre les deux époques n’en reste pas moins énorme.

Le total du budget japonais, 250 millions de yen, soit 644 millions de francs, ne représente qu’une charge d’environ 14 francs par tête d’habitant, et moins de 12 francs, si on ne tient compte, dans les recettes budgétaires, que de celles qui sont fournies par les impôts. Ceux-ci, d’une façon générale, paraissent assis judicieusement. L’impôt foncier donne 47 millions de yen : il a été substitué en 1873 à une contribution qui se payait en nature, et fut d’abord de 3 pour 100 sur la valeur des propriétés ; en 1877, il fut abaissé à 2 1/2 pour 100, et, en 1899, élevé, pour cinq ans, à 3,30 sur les biens ruraux, à 5 pour 100 sur les terrains à bâtir urbains. L’impôt sur le revenu fournit 7 millions : depuis la loi de 1899, qui en a remanié les bases, il frappe le revenu des personnes juridiques à raison de 2 1/2 pour 100 ; les coupons d’obligations publiques ou de compagnies à raison de 2 pour 100, les autres revenus, à partir de 300 yen, suivant une échelle qui commence à 1 et s’élève à 5 1/2 pour 100 sur les revenus de 100 000 yen et au-dessus. La taxe