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L’écorce du globe est dans ce cas, et, par sa situation à la fois séparative et conjonctive entre les laboratoires internes et l’atmosphère, elle préside à une série de réactions qui se signalent au premier chef par les caractères précédemment indiqués. Les zones fluides superficielles en font autant et on conçoit l’étude distincte de la fonction atmosphérique et de la fonction océanique, comme on conçoit, pour les animaux, l’étude de la fonction circulatoire et de la fonction respiratoire.

Parfois même des organes se précisent de façon à se prêter à une vraie étude anatomique.

Le volcan peut être cité comme un type dans cette série, et avec lui le glacier, le cours d’eau. Et il sera utile de montrer comment l’association de tous ces détails, considérés comme des appareils, nous procure une notion nouvelle et singulièrement suggestive de la terre. Celle-ci se révèle alors comme un merveilleux organisme dont les parties sont ordonnées les unes par rapport aux autres avec une précision rigoureuse. : chaque détail dépend de l’ensemble, dont, à son tour, il détermine les grands traits.

Pour le volcan, il convient spécialement d’insister sur son allure vraiment physiologique et qui contraste à première vue avec les catastrophes dont ses éruptions nous menacent. Quel touriste, parvenu sur le bord extrême du cratère du Vésuve, n’a pas eu le sentiment de la vie de la terre à l’audition de ces grands souffles souterrains, à la vue des orbes de fumées qui se tordent sur elles-mêmes comme dans un mouvement viscéral ? Et l’on conçoit bien les mythes panthéistiques des anciens donnant une âme à chaque portion de la nature.

L’éruption d’un volcan n’est point un accident : loin d’être une perturbation de l’ordre établi, c’est un acte sans lequel l’équilibre de l’ensemble serait immédiatement compromis ; et dont l’absence vouerait à une disparition inévitable la flore, la faune et l’humanité elle-même. Car l’éruption volcanique est un des résultats d’une circulation continue, grâce à laquelle des déplacemens se font dans l’épaisseur du sol pour assurer l’apport, à la surface, de matériaux indispensables à la vie des êtres et de forces qui entrent dans le mécanisme du monde entier.

Appelée par la pesanteur dans les régions souterraines, l’eau superficielle s’insinue aussi bas que le lui permet la distribution de la chaleur, interne : la zone des roches qu’elle imprègne