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chaîne des Montagnes Vertes ; en même temps que nos Alpes Scandinaves, les Apalaches ; en même temps que les monts de Bretagne, les Alleghanys ; en même temps que les Alpes, les Montagnes Rocheuses ; enfin en même temps que les Apennins, la Cordillère.

Et voilà tout un ensemble d’actions qui se manifestent franchement comme s’étant continuées imperturbablement, sur un plan toujours le même, pendant toute la durée des époques sédimentaires. Voilà un ensemble d’actions qui nous fait assister, mieux que bien d’autres, à l’évolution du noyau et de la croûte terrestre, la contraction du premier entraînant l’autre dans un ridement dirigé d’une façon uniforme dans une même direction. Si l’on considère que la chaîne des Apennins, celle des Cordillères et même celle plus ancienne des Alpes témoignent, par des signes certains, que leur soulèvement n’est point terminé aujourd’hui, on concevra comment le phénomène orogénique, malgré le caractère cataclysmique qu’on a été si naturellement porté à lui attribuer tout d’abord, est une manifestation essentiellement normale de l’économie fondamentale de la terre.

Les tremblemens de terre, dont les soulèvemens montagneux s’accompagnent, remplissent eux-mêmes une fonction nécessaire dans l’évolution générale : par eux se dépense une partie de l’énergie contenue dans les masses profondes. Les uns marquent le moment où se trouve dépassée, lors des efforts qu’elle subit, la limite de flexibilité de l’écorce terrestre ; les autres reconnaissables à leur fréquente répétition sur les mêmes points, tiennent aux précipitations de blocs rocheux imprégnés d’eau dans l’épaisseur de failles convenablement disposées. Cette remarque explique les liaisons fréquentes des mouvemens sismiques avec les convulsions volcaniques.

C’est encore à la fonction corticale que se rattache la concentration des océans dans des bassins qui, pour être vastes, n’en sont pas moins circonscrits et ont laissé en dehors de leurs limites les régions surélevées qui, à l’état d’îles et de continens, sont devenues les lieux propres à l’apparition et au développement des flores et des faunes subaériennes et de l’humanité elle-même.

La localisation des mers est d’ailleurs essentiellement provisoire : les déformations incessantes de la croûte terrestre déplacent les eaux constamment et, comme on l’a dit si bien, les