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A côté du « soleil fossile, » nous conservons dans nos collections des échantillons qui ont mérité au propre les qualifications pittoresques de « pluie fossile, » de « vent fossile, » de « pistes fossiles » et qui, dus sans exception au mécanisme de la sédimentation éolienne, viennent tous appuyer la conclusion précédente. Et il n’est pas inutile, pour marquer cette nouvelle étape de nos études, de constater encore que les temps antérieurs aux nôtres, aussi loin que nous remontions dans la série des époques sédimentaires, ont eu leurs volcans, leurs soulèvemens orogéniques, leurs migrations de bassins océaniques, leurs glaciers, leurs phénomènes atmosphériques, intimement comparables aux nôtres : la liaison des uns aux autres est même si complète qu’il n’y a place nulle part pour une interruption.


VI

L’examen très rapide des phénomènes auxquels préside l’activité océanique va renforcer encore cette conclusion si frappante. De tous les organes dans lesquels on peut réduire l’anatomie tellurique, le bassin des mers est celui dont la fonction est le plus facilement sensible. On assiste pour ainsi dire au double travail que le flot poursuit sans relâche : la démolition de ses falaises et l’accumulation de sédimens dans sa profondeur. La mer est le grand laboratoire géologique. Mais ce qu’il importe de faire ressortir ici, c’est que sa manière actuelle de procéder ne diffère aucunement de son ancienne allure et qu’il n’y a jamais eu d’arrêt dans son labeur.

Dans cette direction, les notions le plus facilement intelligibles concernent les caractères variés que revêtent les diverses portions d’une même formation marine, en conséquence des conditions spéciales de chacun des points où elle se produit. C’est proprement ce que, depuis Gressly, on désigne sous le nom de faciès, et il est d’une haute portée de noter qu’on peut retrouver dans les formations anciennes, par comparaison avec les dépôts contemporains, des preuves que la mer avait déjà les mêmes caractères essentiels qu’aujourd’hui. Sur ses rivages se déposaient des galets de la dimension de ceux d’à présent et il y vivait des catégories spéciales d’animaux, dits côtiers, dont nous avons les analogues ; en maints endroits, des lagunes