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dont les roches sont formées, et il n’y a qu’à consulter ses observations pour assister, par les yeux de l’esprit, au travail intérieur qui s’opéra dans le vieux sédiment : l’hydrosilicate alumineux qui constitue l’argile passa à l’état de composés parfaitement définis et cristallisés. Quand on examine un fragment d’ardoise au microscope, on est amené à reconnaître que, si des petits cristaux forment la matière presque exclusive du sédiment silurien, ils ne sont certainement pas eux-mêmes d’âge silurien : ils sont très postérieurs à cet âge, peut-être de plusieurs périodes géologiques entières, et ils représentent les témoins d’un moment où, dans la couche en voie continue de changement, se sont trouvées réalisées des conditions plus ou moins analogues à celles des expériences de Sénarmont.

Mais ce n’est pas encore tout, et il faut remarquer que le poids toujours croissant des couches successivement superposées à l’argile silurienne a agi de son côté pour en modifier les caractères. La pression verticale réalisée par cette accumulation a comprimé la couche plastique, et celle-ci a tendu à s’écouler horizontalement ; dans ce mouvement, les particules solides qu’elle renfermait, comme les petits grains de sable originaire, et surtout les petits cristaux de formation successive qui viennent d’être mentionnés, se sont couchés dans le sens même de l’écoulement ; la masse a pris ainsi sa structure feuilletée caractéristique. Nous en sommes bien sûrs, car l’expérience réalisée par Tyndall a permis d’imiter artificiellement la schistosité. Ici encore, l’acquisition de la structure propre des ardoises se présente comme un phénomène très progressif et évidemment très postérieur au dépôt de l’argile initiale : de sorte que le phyllade n’avait d’abord ni sa composition minéralogique ni sa structure, et que tous les caractères qui nous permettent de le définir lui ont été donnés, lentement et progressivement, par le jeu normal de la physiologie de la terre. C’est du reste là une conclusion à laquelle maintes observations nous ramèneraient, et il est bien nécessaire, pour notre thèse, de montrer qu’elle découle même de l’examen de roches auxquelles on refuse d’ordinaire la qualification de métamorphiques.

À ce titre, on trouvera un certain intérêt à l’examen d’une variété de minerai de fer qu’on exploite avec beaucoup de bénéfice aux environs de Nancy et qui est subordonné à l’existence