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qu’habits, linges. Si j’ai le malheur de mourir après elle, je donne et lègue tout ce que je possède et que je viens de désigner à mon ami M. Juste Olivier-Ruchet, de Lausanne. — Dans tous les cas, que je meure avant ou après ma bonne mère, je lègue à mon dit ami le professeur Olivier-Ruchet ma bibliothèque au complet, et je le nomme mon exécuteur testamentaire.

Il voudrait bien, sur la nouvelle de ma mort, se transporter chez moi à Paris et y exécuter ce que je lui recommande religieusement. Il trouverait une petite cassette de bois jaune ; en l’ouvrant, il y trouverait des paquets de lettres cachetées et autres pièces qu’il pourrait, ou détruire, ou garder soigneusement en s’assurant que le secret absolu de ces papiers soit gardé. Je m’en remets là-dessus à lui.

Il trouverait de plus dans une armoire (ou ailleurs si je le déplace dans la suite) un ensemble de petits volumes imprimés ayant pour titre : Livre d’amour. Il s’assurerait de bien recueillir la totalité de ces volumes qui se montent en tout à 204 (plus un petit paquet contenant les bons à tirer de ce volume retirés de l’imprimerie). Ce chiffre de 204 est essentiel, afin que pas un exemplaire ne soit distrait. Parmi les 204, un exemplaire est à demi broché en jaune, tandis que les autres au nombre de 202 sont brochés en vert : il y a de plus, pour faire ce chiffre de 204, un exemplaire en bonnes feuilles non broché.

202 brochés en vert
1 exemplaire mal broché en jaune
1 exemplaire non broché, de bonnes feuilles
plus 1 paquet des bons à tirer.

Mon ami Olivier s’emparerait de ces volumes et les conserverait jusqu’à la mort des deux personnes qui, ainsi que moi, n’en doivent pas voir la publication. Après quoi, il serait libre d’en user à sa volonté ; mon intention expresse est que ce livre ne périsse pas. S’il devait retarder lui-même cette publication, il la recommanderait, après lui, à quelque autre de fidèle et de sûr.

— Je voudrais que, parmi les livres de ma bibliothèque, deux ou trois volumes que je me réserve de désigner (tels, par exemple, qu’une Imitation de J. -C. dorée sur tranche, une Valérie de Mme de Krüdner demi-reliée en deux volumes, une Ourika, un volume intitulé Poésies de ma Grand’tante) fussent offerts comme souvenir du plus respectueux et du plus profond attachement à Mme d’Arbouville (Paris, place Vendôme, n° 10). Elle