Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/620

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa place est prise, il faut la garder et l’étendre. Buloz a dû lui écrire : Olivier a bien fait de lui envoyer des détails sur l’affaire du Valais. S’il peut venir un jour passer quelques semaines ici, il assurerait de plus en plus sa relation, mais la voilà bien nouée. Son style si fier, si ingénieux, si artiste n’a besoin pour nous que d’une chose ; un peu plus d’espace et un tissu moins dru, éluder et éclaircir. Il aura tout dès lors. — Qu’il pense vite à quelque autre chose. Les jugemens ne sont pas trop sévères, ils sont justes, et si bien tournés : et puis, là-bas, qu’on apprenne à compter un peu avec lui, il n’y a pas de mal. Cette collaboration, et sa Revue Suisse, le voilà inviolable.

M. Monnard a-t-il bien rapporté à M. Gaullieur tout ce dont je l’avais chargé ? ce qui revient à demander simplement : est-il arrivé à bon port ?

M. Vinet fait de très beaux articles sur Rancé. J’ai été, moi, dans une situation délicate. J’ai dû parler, étant dans la gueule même du lion. Bien que ce lion n’ait plus de dents, je n’étais pas moins à la gêne. Je crois m’en être tiré et m’être fait comprendre, sans manquer à la Majesté.

La Revue de Paris vous mâche de la broutille pour la Revue Suisse : pourtant il ne faudrait pas trop s’y fier en tout : elle est systématiquement hostile à M. Guizot, et du parti Thiers, centre gauche. En un mot, elle ne voit que d’un œil et n’entend que d’une oreille.

Je suis bien triste, chère Madame, de ne pas aller en Suisse cette année : cela ne m’est point permis ni possible pour toutes sortes de raisons. Je reste ici, travaillant, pensant à vous bien chèrement, chère Madame. Soignez-vous ; pourquoi donc ne reviendriez-vous pas ? il me semble que vous aimeriez mieux Paris cette fois prochaine. Soignez-vous avant tout et croyez que les meilleurs souvenirs vous sont fidèles.

A vous, chers amis, de tout cœur.


Le 30 juillet 1844.

Chère Madame,

Je n’ai pas répondu à votre si aimable dernière lettre : la Revue vous dira de quel gros travail j’étais en couches. Je relève. Merci de vos bonnes et tendres paroles qui sont aussi ma meilleure espérance. Que je voudrais pouvoir vous aller visiter !