Liège, ce 8 juillet 1849,
Chère Madame et amie,
J’ai bien pris part à toutes ces épreuves. J’étais inquiet de ce que devenaient vos santés au milieu de cette influence. Sans ma douleur nerveuse qui persiste, j’aurais écrit : mais ma plume ne court plus bride abattue. J’espère que la santé d’Olivier est remise et votre âme un peu calmée. Je vous reverrai bientôt. Après un court voyage à Utrecht[1], je reviens à Liège pour faire mes paquets et je compte être à Paris en août. Je reprendrai peu à peu des habitudes plus douces : je voudrais y faire rentrer le passé, passé de plus en plus. Adieu, chère amie, dites à Olivier toutes mes amitiés et dites-vous que vous serez pour beaucoup dans la douceur triste que je puis espérer encore aux futures saisons.
À vous.
Ce 1er mai 1851.
Cher Olivier,
Vous avez été mille fois bon comme toujours dans la dernière Revue Suisse : ne me croyez pas ingrat. J’ai eu, depuis mon malheur[2], une suite de fatigues, de tracas, de déménagement, qui, surajoutée à mes études, ne m’a pas laissé un instant de trêve. Je commence à peine à m’organiser dans la petite maison de la rue Mont-Parnasse. Il faudra qu’un jour vous veniez en faire connaissance sous sa nouvelle forme. Cher Olivier, mon premier soin après la perte de ma mère a été de refaire mon papier testamentaire dans sa forme définitive et à vous destiné : c’est vous dire combien de loin comme de près, en silence comme en nous voyant, je vous suis de même si je suis le même.
À vous de cœur.
Mme Olivier est de moitié dans tout ce que je vous dis.