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effectif, sont, à l’atelier de peignage, les repasseurs, tous hommes faits, qui achèvent l’ouvrage des machines à peigner, en ôtant, sur des peignes fixes, les étoupes, boutons et impuretés qui peuvent se trouver encore dans les cordons ou poignées de lin peigné ; travail continu, et qui exige un effort plus ou moins grand suivant le genre de lin, mais constant, tel en somme que deux courts repos dans la journée, un le matin au déjeuner, l’autre au goûter vers quatre heures, paraissent indispensables. Non seulement l’effort est continu, et le bras, quoique plus vigoureux que celui des garçons presseurs, se lasse par la continuité même du mouvement indéfiniment répété, mais la position que l’ouvrier doit prendre, penché sur les cordons de lin et forcé par conséquent de respirer la poussière qui s’en échappe, cette posture au travail est déjà une gêne. Quoique l’on ait depuis quelque temps, en Angleterre, installé une ventilation spéciale pour les repasseurs, et qu’il soit reconnu que cette ventilation atténue en grande partie les inconvéniens de la poussière émise par le lin, cependant le système est peu ou n’est pas encore pratiqué en France, où, de l’aveu commun, il reste beaucoup à faire, surtout dans les anciennes filatures, et où sans doute on ferait plus volontiers ce qu’il faut faire, si les années n’étaient de plus en plus mauvaises et s’il n’y avait pas lieu de regarder autant à la dépense. Néanmoins, petit à petit, et à petits frais, pourraient être réalisées, en attendant mieux, des améliorations qui ne seraient pas à dédaigner.

On appelle surveillant les hommes qui « surveillent » les garçons de machines, et qui, tout en ayant charge de la bonne tenue et de l’entretien des machines, ne font personnellement que peu de travail manuel, et de travail peu fatigant : ils profitent des deux arrêts d’un quart d’heure, comme en profitent, au surplus, tous les ouvriers du peignage. Le magasinier, les hommes de peine, occupés à porter les balles de lin ou les balles d’étoupes, à placer et à ranger les marchandises, à préparer des mélanges d’étoupes, etc., doivent naturellement fournir un certain effort, mais cet effort n’est pas continu : il y a pour eux des intervalles où il est permis de respirer ; ici, dans cette atmosphère poussiéreuse, « respirer » n’est nullement pris au figuré : ne pas respirer est la plus grande peine, et respirer est le plus grand besoin.

Les partageurs sont les hommes qui disposent le lin par