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sont riches en métaux et les bois abondent en gibier. Les richesses minérales de la Mandchourie sont jusqu’à présent inexplorées, et il n’y a encore que relativement peu de mines d’or, d’argent ou de cuivre en exploitation. Quelques syndicats étrangers se sont formés, particulièrement dans la Mandchourie du Sud ; ils ont très bien réussi. Mais depuis l’occupation russe du district du chemin de fer, ils ont été entravés par toutes sortes de difficultés et, excepté dans le port ouvert de Niou-Chouang, le placement des capitaux du dehors a été arrêté.

La superficie de la Mandchourie centrale est beaucoup plus petite que celle de la Mandchourie septentrionale, ou Tsi-tsi-kar (que beaucoup appellent Halung-Kiang). Mais la population, qui dans le Nord s’élève seulement à un million d’habitans, atteint le double ici. Le centre du gouvernement pour ce district est à Kirin, ville très ancienne, composée d’originales maisons de vieux style, yamens au toit brillant, temples et pagodes également pittoresques. Mais ce qui distingue particulièrement Kirin, c’est la gigantesque muraille crénelée qui, avec ses lourds remparts et ses tours en forme de pagodes ; présente une masse très imposante. Pourtant la beauté de cette lointaine capitale de province est dans ses environs. Vallées et montagnes, bois sombres et lointains pics bleus forment un charmant paysage. C’est une région magnifique ; elle offre un domaine splendide au sportsman et à l’artiste. On peut trouver aussi une pêche excellente dans les cours d’eau de montagnes, et il y a encore quantité de léopards, d’ours, de loups, une certaine espèce de daim, des renards et des lièvres à chasser dans les forêts.

Quant à l’artiste, un champ illimité s’offre à son pinceau : le joli paysage, des coins attrayans de la ville, et surtout les monumens historiques, les fameuses tombes royales et les tablettes commémoratives dispersées sur les bords de la rivière ou cachées dans les bosquets sacrés, présentent autant de brillans sujets de tableaux. La grosse difficulté, à l’heure actuelle, est d’atteindre ces beaux lieux. Le long de la ligne, il n’y a que peu de gares en cours de construction : elles portent les noms de différentes villes, mais si on veut visiter lesdites villes, il ne faut pas oublier qu’elles sont souvent à vingt et trente milles de la station et qu’il n’y a rien pour vous y conduire, très souvent pas même de route. Le chemin de fer de l’Est-Chinois semble éviter très soigneusement tous les lieux habités, et, dans son état