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le calme ou le sourire des flots ? Tous ceux qui ont traversé Sorrente se rappellent, au-delà de la ville, sur la route de Massa Lubrense, dans la direction de Capri, le coup d’œil que l’on a en gravissant la colline. A cet endroit la côte pousse une pointe hardie dans le golfe. C’est entre ce promontoire et celui de Massa, à quelque distance, d’une saillie moins accusée, que s’étendait le vaste domaine de l’ami de Stace. La « Silve » ne laisse aucun doute à cet égard, et, de plus, on a trouvé entre les deux promontoires, sur la hauteur dite Punta della Calcarella, des ruines importantes de murailles anciennes, qui semblent être les restes de la villa de Pollius. Le nom même de Marina di Puolo, que la plage a gardé, rappelle le nom de famille du propriétaire romain. C’est la survivance d’un vieux souvenir, que les pêcheurs de la côte, sans le soupçonner, se sont transmis de siècle en siècle dans leur langage populaire.

Voilà donc la situation de la villa bien établie, — ce que nous n’avions pu faire pour celle de Tibur, dont il ne subsiste plus aucune trace. Quand on arrivait par mer dans la baie, échancrée du cap de Sorrente au cap de Massa, on débarquait à la Marina, seul point, sur ce rivage presque partout hérissé de rochers, où la falaise s’arrête pour dessiner une plage de sable de quelque étendue. Stace se laisse prendre d’abord à la grâce tranquille du paysage. Mais il nous introduit bientôt dans la propriété elle-même. Devant soi on trouve alors deux temples assez voisins, consacrés l’un, comme de juste, à Neptune, « le souverain azuré des vagues écumantes, » le dieu qui accueille les navigateurs, l’autre à Hercule, plus spécialement chargé de veiller sur les campagnes. Derrière le temple de Neptune, « que l’onde amie vient caresser de son écume, » à l’endroit où un clair ruisseau se jette dans le golfe, des thermes dressent leurs deux coupoles qui recouvrent deux salles, la piscine d’eau salée et la piscine d’eau douce. Nous savons déjà par la maison de campagne de Vopiscus l’importance des bains dans la vie antique, surtout à l’époque impériale. Si les Romains avaient une prédilection marquée pour les rives des fleuves, les bords des lacs, les côtes de la mer, c’était sans doute à cause de la variété et de l’agrément du spectacle, mais aussi parce qu’ils y installaient plus aisément ces thermes, lieux de repos et de rafraîchissement, nécessaires sous l’accablante température des pays méridionaux.

Que les bains de Pollius Félix eussent la même splendeur de