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par mille parcouru ; le contrat de 1891 en a réduit le montant qui s’élevait, avant cette date, à 703 087 roubles. Ce contrat a en outre imposé à la Compagnie russe un programme de constructions navales très chargé : celle-ci est tenue d’augmenter sa flotte de dix nouveaux navires, d’une jauge collective de 30 000 tonneaux. C’est pour satisfaire aux conditions de ce programme qu’elle fit construire les trois paquebots de 7 000 tonnes que nous avons mentionnés plus haut.

La plupart des lignes libres qu’entretient la Compagnie russe sont, comme ses lignes obligatoires, dirigées sur des ports de la Méditerranée orientale, mer d’Azof, Mer-Noire, Archipel ou golfe de Syrie ; quelquefois même, elles doublent purement et simplement les précédentes. Le domaine de cette Compagnie est donc par excellence le bassin oriental de la Méditerranée. C’est pour y introduire le pavillon russe, pour le faire connaître dans ces parages qui intéressent à tant de titres l’avenir commercial et la politique de la Russie, qu’elle a été fondée, il y a un demi-siècle ; c’est à cela qu’elle se consacre encore principalement aujourd’hui, et l’on peut dire qu’elle a réussi dans ses efforts. Le commerce de la Russie avec la Turquie, auquel elle prend une part importante, s’est élevé, en 1900, à 25 millions de roubles (importations et exportations réunies), et le mouvement maritime des ports de la Mer-Noire et de la mer d’Azof, sous pavillon russe, avec ce pays a été représenté, la même année, par 438 navires jaugeant 551 631 tonnes.

La Compagnie de navigation n’a pas restreint son activité au bassin de la Méditerranée orientale. Elle exploitait encore deux lignes libres, l’une sur Saint-Pétersbourg et l’autre sur Vladivostok, avec escale dans les principaux ports d’Extrême-Orient, et depuis peu une troisième ligne subventionnée sur les ports du golfe Persique. Elle avait établi depuis 1901 un service de navigation entre Odessa et les ports du sud de la Perse ; un navire partait d’Odessa tous les trois mois, et le gouvernement accordait une subvention à la Compagnie et une réduction de 25 pour 100 sur les chemins de fer aux exportateurs russes. Au moment où la guerre a éclaté, le gouvernement et la Compagnie venaient de s’entendre pour rendre ce service définitif, en même temps que les avantages consentis en sa faveur, et pour lui procurer un aliment par un appel au commerce et à l’industrie russes. Le bureau central de la Compagnie a en effet adressé à