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consacrées à l’acquisition de nouveaux navires, La Société s’organisa, se divisant en sous-comités qui se répartirent la tâche économique, maritime et administrative. Le 5 mai, le grand-duc héritier invita, dans son palais Anitchkoff, à une séance solennelle et plénière présidée par lui, les principaux adhérens de la Société. Le vice-président était M. Pobiedonotzef, l’ancien précepteur du Tsarévitch, le Procureur général du Saint-Synode.

Pendant ce temps, les appels aux souscripteurs avaient fait leur chemin ; les dons affluaient au siège du Comité central à Moscou, et dans la propre demeure du grand-duc héritier à Saint-Pétersbourg. A la fin du mois de juin, un million de roubles avaient été reçus au palais Anitchkoff et 2 millions à Moscou. Le temps pressait. On ne pouvait songer à procéder par adjudications. Mais, dès les premiers jours, sans même qu’on eût pris la peine de provoquer des offres de vente, les navires offerts de divers côtés s’élevaient au nombre de 67. Le temps manquait encore pour examiner ces offres une à une. On se contenta de fixer d’une manière générale les conditions à remplir par les navires pour pouvoir être acquis. On les détermina ainsi : vitesse minima, 13 nœuds ; capacité des soutes, de quoi contenir du charbon pour vingt jours ; solidité, suffisante pour recevoir des canons de 6 et 8 pouces de calibre ; prix maximum, 650 000 roubles. La plupart des navires offerts ne réalisant pas ces conditions, force fut donc d’envoyer à l’étranger les futurs commandans des croiseurs auxiliaires, avec mission d’acheter chacun leur navire, l’artillerie, les engins et les munitions nécessaires, de les armer sur place, d’engager l’état-major et de les amener sur le point qu’on leur désignerait.

Le 24 mai, les officiers se mirent en route, accompagnés d’un mécanicien de la flotte. Le 2 juin, ils achetèrent chez Krupp l’artillerie, les accessoires et munitions nécessaires à l’armement des trois premiers navires. Le 6 juin, ils conclurent avec la Compagnie allemande, Hambourg-America, l’acquisition de trois vapeurs de 5 000 tonnes chacun et d’une vitesse de 13 à 14 nœuds. La Hambourg-America s’engageait à amener les trois navires complètement armés à Cronstadt, l’un au bout de quatre jours, un autre au bout de huit, et l’autre au bout de douze. Du 10 au 16 juin, dans les délais prescrits, les trois navires étaient rendus à Cronstadt, Après inspection du grand-duc héritier et du grand