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très profond, il offre de grandes facilités à la navigation. Dalny, dans son état présent, a un aspect plutôt paradoxal : des palais émergent du sable de la grève, des monumens publics s’élèvent au milieu des squares déserts ; des avenues et des boulevards sont tracés dans le sable. Dalny est l’espoir des partisans du commerce et du progrès en Russie ; Port-Arthur, l’orgueil du parti militaire. Le développement du premier est poussé par l’énergie de M. de Witte ; l’autre a un puissant protecteur dans le général Kouropatkine. Port-Arthur ne pouvait manquer de m’impressionner par sa grande importance stratégique ; mais ce que j’ai vu m’a inspiré moins de confiance dans l’avenir commercial de Dalny. Durant mon séjour, j’eus l’occasion de voir tout le travail accompli depuis 1898. Certes, quoiqu’il y ait bien des choses manquées, et que les fautes commises soient évidentes, même pour un profane, il est impossible de ne pas être frappé de tout ce qui a été fait en si peu de temps. Mais, malgré tout, je ne pense pas qu’on ajouterait à notre admiration en nous faisant connaître le chiffre des dépenses.

Il n’y avait aucun départ de bateau pour Takou avant un certain temps. Je décidai de continuer mon voyage à Pékin par chemin de fer. Je repassai sur la vieille ligne de Mandchourie que je connaissais bien jusqu’à Ying-tsé. Un embranchement va de là à Niou-Tchang. C’est le port le plus septentrional ouvert au commerce étranger dans l’Empire Jaune, à une distance de treize milles de l’embouchure de la rivière Liao qui tombe dans le golfe de Liao-tung, prolongement du Petchili. La ligne de chemin de fer qui met Niou-tchang en communication directe avec la Sibérie et Pékin venait d’être achevée. Des tronçons de la voie, dans la direction de Tien-tsin, existaient plus anciennement ; mais ils avaient été détruits durant les derniers troubles des Boxers. Pour donner une connaissance plus précise de cette ville importante, je cite d’après l’Annuaire officiel :

« La ville de Niou-tchang ne cesse de croître rapidement en importance depuis la construction du chemin de fer. À la fin de 1899, la ligne de l’Est chinois entre Port-Arthur, Dalny et la jonction de Ta-shih-chias, d’où un embranchement va vers ce premier port, était achevée jusqu’à Moukden, et la ligne du chemin de fer impérial chinois était un fait accompli. On se décidait enfin à attaquer systématiquement les ressources minérales de la Mandchourie, le chemin de fer de l’Est chinois ayant ou-