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Et pendant cette période qui demandera environ un siècle, les théories, par lesquelles nous relions l’immense détail de notre science, auront eu le temps de changer plusieurs fois.

Nous avons vu précédemment comment les idées de Lavoisier ont remplacé la théorie du phlogistique. Plus tard, Humphry Davy, après ses belles découvertes, donne à l’électricité un rôle prépondérant et crée la théorie électrochimique, reprise et modifiée par Berzélius. Puis viennent les recherches sur les densités de vapeurs et, à la suite de discussions prolongées, de nombreux chimistes abandonnent les chiffres de Berzélius et suivent la notation dite des équivalens, proposée par Wollaston et adoptée par Gmelin, Liebig et Dumas.

Mais Gerhardt, considérant comme équivalentes les quantités d’acide chlorhydrique, d’eau et d’ammoniaque qui correspondent à des volumes égaux, proposera bientôt un système de poids atomiques auquel se rallient : en France, Laurent, Wurtz ; en Angleterre, Williamson, Frankland ; en Allemagne, Hoffmann, Kékulé, Baeyer ; en Italie, Cannizaro. L’hypothèse d’Avogadro et d’Ampère sera reprise, et une distinction nette entre les atomes et les molécules permettra de reconstituer la théorie atomique sur la grande loi de Dalton.

Bien avant cette période, la chimie était divisée en deux grands chapitres : la chimie minérale et la chimie organique.

L’étude de la chimie organique avait été commencée avant les recherches de Lavoisier. Pendant plus d’un siècle, les savans essayèrent tout d’abord d’isoler les principes immédiats qui se rencontrent dans les végétaux et les animaux. Ces études furent poursuivies de tous côtés avec des succès divers et dotèrent la chimie d’un grand nombre de composés nettement définis, et dont certains avaient des propriétés thérapeutiques importantes. L’analyse de tous ces corps fut assez délicate, et, comme il arrive dans les sciences, rien de définitif ne put être établi tant que les méthodes analytiques ne furent pas portées à un point suffisant d’exactitude. Ce n’est qu’après ce premier travail qu’il a été possible de classer ces innombrables composés.

Différentes théories se succédèrent ensuite, et, enfin, la synthèse vint terminer l’œuvre commencée. Nous rappelons les grandes recherches de Berthelot sur ce sujet : synthèse des principes immédiats des graisses animales, des alcools, des acides, des carbures, et en particulier de l’acétylène, du camphre,