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et compatible avec les droits, les devoirs souverains et les obligations internationales des États-Unis.

3. — Les droits civils des Philippins seront garantis et protégés dans leur plus large étendue, la liberté religieuse sera assurée ; tous les individus seront également protégés par la loi.

4. — L’honneur, la justice et l’amitié défendent de se servir des Philippines comme d’un objet d’exploitation. Le but du gouvernement américain est le bonheur et le progrès des Philippins.

5. — Il sera garanti aux Philippins une honnête et effective administration dans laquelle, autant qu’il sera possible, on emploiera des gens du pays.


Quelques mois après, quand l’insurrection était encore bien loin d’être éteinte, la commission, dans son rapport au président, ne tenait pas un autre langage ; elle affirmait sa foi dans le succès final de la méthode et la constante volonté des gouvernans de ne travailler que pour le bien des gouvernés.

Cette politique, le président Mac-Kinley fit choix, pour la mettre en pratique, du juge William H. Taft, de l’Ohio, qui, comme président de la seconde commission, puis, à partir du 1er septembre 1901, en qualité de gouverneur civil, et enfin, depuis quelques mois, comme secrétaire d’Etat à la Guerre, a été le véritable organisateur du régime américain aux Philippines et a fait preuve, dans cette œuvre si délicate, d’une persévérance et d’une énergie, et en même temps d’une souplesse, auxquelles il est juste de rendre hommage. Dans ses instructions à cette seconde commission, le président Mac-Kinley renouvelait, avec une particulière insistance, ses recommandations sur la conduite à tenir vis-à-vis des Philippins. Les fonctionnaires ne perdront pas de vue qu’ils doivent traiter les natifs comme s’ils étaient des Américains et faire en sorte « qu’ils bénissent le jour où Dieu a donné la victoire aux Américains et a placé leur pays sous la souveraineté et la protection du peuple des États-Unis. » M. Taft lui-même a exposé sa méthode dans ses rapports à son gouvernement et il a résumé son programme dans un discours prononcé, le 17 décembre 1903, à l’Union-Reading-College, à Manille[1]. La devise de sa politique, y dit-il en substance, a toujours été : « les Philippines aux Philippins, » il n’a jamais cessé de l’appliquer en dépit des journaux qui raillaient « cette marotte enfantine ; » cette méthode doit avoir, en même temps qu’un but d’utilité immédiate, un but d’éducation, et préparer les

  1. Supplément à la Gazette officielle du 23 décembre 1903.