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n’avait ni le don, ni la pratique de la tactique : « Il n’avait jamais exercé le commandement d’une unité quelconque. Il ne fut tacticien ni par sa carrière, ni peut-être même par le fond de sa nature. Frédéric, Napoléon sont souvent intervenus personnellement, pour décider sur le terrain la formation générale à prendre en vue d’une attaque, et le moment précis de l’exécution ; pour prescrire, au point critique, les moyens d’assurer la décision finale. Le maréchal de Moltke jamais. »

D’après le général de Schlichting, Moltke est donc incontestablement inférieur à Napoléon au point de vue de la tactique ; mais au point de vue de la stratégie, il le regarde comme supérieur ; et il appuie ses préférences sur la discussion de quelques aphorismes émis par les deux grands hommes de guerre. En réalité, il est surtout poussé par un sentiment « allemand, » des plus honorables du reste, qu’il fait entrevoir lorsqu’il écrit dans son « analyse du testament de Moltke : »

« Par la plume de Moltke, l’état-major général nous indique les voies que nous devons suivre maintenant pour continuer notre développement ; et ces voies sont d’autant plus faciles à suivre que ce sont des voies nationales, reconnues et homologuées par des victoires allemandes. Ce n’est pas un avantage à dédaigner que de pouvoir faire notre apprentissage dans nos propres ateliers, de ne plus avoir à en emprunter les bases à l’étranger… »


II

Depuis 1810, époque de sa fondation, l’Ecole générale de la guerre, devenue l’Académie de guerre de Berlin, a été perfectionnée plusieurs fois ; mais elle a toujours conservé son caractère d’Université militaire, sa destination primitive d’initier un certain nombre d’officiers de toutes armes aux connaissances les plus élevées de la guerre, de les rendre aptes à remplir les postes les plus élevés de l’armée.

Les deux directeurs de cette école qui ont le plus contribué à la perfectionner sont : le général de Peucker en 1868, et le maréchal de Moltke en 1888.

Quelques-unes des bases de la méthode d’enseignement établie par le général de Peucker sont à citer :

« Il convient d’exercer beaucoup les officiers d’instruction à