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direction des opérations pendant la guerre ; elles simplifient singulièrement, en Allemagne, la question si grave du haut commandement des armées.

Elles justifient les appréciations élogieuses du maréchal de Moltke :

« L’état-major prussien représente le principe intellectuel de l’armée à sa plus haute puissance…

« Si le ministre de la Guerre forge et acère les traits, le grand état-major les dirige et les lance…

« La prochaine lutte sera une guerre, dans laquelle la science stratégique ou du commandement aura la plus grande part ; nos campagnes et nos victoires ont instruit les Français, qui ont, comme nous, le nombre, l’armement et le courage. Notre force sera dans la direction, dans le commandement, en un mot dans le grand état-major.

« Cette force, la France peut nous l’envier ; elle ne la possède pas. »

Tout en pensant que, pour nous instruire, nous avons heureusement, dans notre propre histoire, d’autres campagnes, d’autres victoires que celles des Allemands à prendre pour modèles, il importe de constater, bien haut, qu’en effet les traditions, suivies en Prusse pour l’Académie de guerre et le grand état-major, sont parfaites, et ont créé un corps d’état-major difficile à surpasser.

Il faut remarquer, en outre, que les soins apportés au recrutement et à la préparation de l’état-major ne suffiraient pas pour assurer complètement, dans l’armée allemande, l’unité de direction et d’action. Si les chefs d’armée, si les commandans de corps d’armée avaient des idées, des doctrines différentes de celles de l’état-major, il se créerait tôt ou tard des difficultés, des tiraillemens nuisibles à la marche des opérations ; comme cela a eu lieu avec le général de Steinmetz, commandant la 1re armée allemande, au début de la guerre de 1870.

Le mode d’avancement en vigueur dans l’armée allemande a permis de parer à ces difficultés :

Conformément à de vieilles traditions, l’avancement a lieu exclusivement et strictement à l’ancienneté, par corps de troupe jusqu’au grade de major inclus ; à l’ancienneté dans l’arme jusqu’au grade de colonel ; à l’ancienneté sur toute l’armée pour les différens grades de général.