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mission de préparer de bons officiers pour nos états-majors et de répandre dans l’armée les hautes études de guerre.

Après quelques années de tâtonnemens, elle a créé une méthode d’enseignement rationnelle, pratique, fondée, tant pour la stratégie que pour la tactique, sur les guerres de Napoléon et sur les campagnes plus récentes, et consistant surtout dans des exercices sur le terrain ou sur la carte[1], complétés par des cours techniques.

En sortant de l’Ecole, les officiers brevetés sont incontestablement bien préparés pour servir d’aides au commandement, et pour occuper eux-mêmes plus tard les positions élevées de l’armée. Ils se dispersent dans les régimens et y répandent l’enseignement de l’Ecole.

L’Ecole supérieure de guerre a un autre moyen de faire sentir son influence à toute l’armée, à l’aide de ses professeurs, dont plusieurs ont publié leurs cours, ou le résultat de leurs méditations, et qui ont placé notre littérature militaire au niveau de celle des meilleures armées.

En dehors de l’état-major de l’armée, et, indirectement, de l’Ecole supérieure de la guerre, le ministre s’appuie pour l’étude de certaines questions, qui lui paraissent particulièrement importantes ou délicates, sur le Conseil supérieur de la guerre. Les travaux de ce conseil sont largement facilités par les études préliminaires de l’état-major de l’armée ; mais ils ne sont qu’intermittens, le Conseil supérieur ne s’occupant des questions que lorsqu’elles lui sont soumises par le ministre. Son grand rôle est de permettre aux chefs, destinés à commander les armées en cas de guerre, de se préparer à leurs graves fonctions, à leurs grosses responsabilités ; et en outre de les mettre à même par leurs inspections, par leurs grandes manœuvres, par leurs manœuvres avec cadres, de connaître le personnel appelé à servir sous leurs ordres.

Là, malheureusement, doivent s’arrêter les constatations élogieuses. Le terrain a été bien préparé ; la récolte s’annonce bien ; mais elle risque de rester sur pied et de ne pas être utilisée.

Nos états-majors d’armées sont désignés à l’avance ; mais ils se réunissent trop peu pour être entièrement rompus à leur service de guerre.

  1. Grâce à l’École de guerre, ces exercices sur la carte ont été vulgarisés dans l’armée, et y donnent de très bons résultats.