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AUTOUR
D’UN MARIAGE PRINCICER
RÉCITS DES TEMPS DE L’ÉMIGRATION

III[1]
LES ANNÉES D’ATTENTE


I

Fils aîné du Comte d’Artois, le Duc d’Angoulême, que le Roi destinait pour époux à Madame Thérèse de France, avait maintenant vingt-deux ans, c’est-à-dire trois ans de plus qu’elle. Depuis les débuts de l’émigration, il avait partagé le sort des membres de sa famille qui étaient sortis de France : en 1789, à Turin, chez le roi de Sardaigne, son aïeul maternel ; en 1791, à Coblentz où il avait fait son apprentissage militaire dans l’état-major de l’armée royale, avec son jeune frère le Duc de Berry ; en 1793, à Hamm en Westphalie, où il était resté auprès de son père pour l’accompagner ensuite aux diverses étapes de sa vie errante dans les Pays-Bas, en Angleterre, et finalement en Écosse. Trop jeune pour sentir vivement les épreuves de l’exil, elles avaient glissé sur lui sans modifier sa nature indolente. Longtemps, il était resté enfant, apathique, sans entrain, dépourvu d’initiative,

  1. Voyez la Revue du 15 novembre et du 15 décembre.