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qu’il est blanc ou rouge ; le citron y domine avec d’autres ingrédiens ; dans le liquide flottent de jolis feuillages ; c’est très rafraîchissant et cela ne grise pas.

L’espoir de la création du Lyceum parisien est chaudement acclamé. En général toutes ces dames ont peine à concevoir comment nous avons pu jusqu’ici nous passer de clubs. Elles me rappellent à rebours une lettre amusante de lady Wortley Montague, racontant sa visite dans un harem de Constantinople où ses hôtesses turques s’apitoient sur le corset qui doit être pour elle un instrument de torture, le symbole même de la jalousie d’un mari barbare. N’avoir pas de club, n’en avoir jamais eu ! Quelle inconcevable privation ! Il est vrai qu’il y a cinquante ans ni les Anglaises ni les Américaines n’étaient mieux favorisées. — Vous y viendrez à votre tour, me disent-elles ; le club vous paraîtra indispensable. C’est en réalité une des grandes ressources de la vie.

Je leur demande si elles n’en ont pas un peu trop ? Déjà on m’a nommé l’Alexandra Club, l’Alliance Club, l’Empress Club, le Green Park Club, le New Coventry Club, le Ladies’ Athenaeum, le Sésame Club, le fameux Pioneer Club, dont lady Hamilton est présidente, et où se discutent à jour fixe des questions littéraires, esthétiques et sociales. Il en existe bien d’autres. Quelques dames appartiennent à plusieurs clubs et n’en négligent aucun. Leur reste-t-il beaucoup de temps pour le home ? Elles me répondent qu’il y a temps pour tout, que ces Clubs étant de caractères très différens, il est agréable de passer de l’un à l’autre selon la disposition où l’on se trouve. Par exemple pour n’en citer qu’une, Mrs O. B., auteur dramatique, romancier, correspondante de guerre, conférencière, le seul journaliste féminin qui ait interviewé lord Kitchener à Khartoum, Mrs O. B., qui a voyagé non seulement dans l’Europe entière, mais en Californie, en Afrique, au Mexique, aux îles Canaries, est membre de trois clubs, le club des dames de l’Armée et de la Marine, le club des Ecrivains et le Lyceum. Mais l’activité américaine est en elle ! Beaucoup d’Anglaises sont d’avis, au contraire, que la vie de club peut être en effet un abus, un obstacle à l’intimité, une ennemie du foyer ; que, comme toute autre chose, elle a ses avantages et ses inconvéniens, et qu’il faut en user avec modération. L’existence à la campagne qui est celle du grand nombre (combien d’habitations particulières à