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Ou bien mars, mauve et rose et tout glacé, qui sent
La violette bleue et la jacinthe lisse,
La maison qui s’emplit d’un parfum de narcisse,
Plaisir renouvelé d’avril, frôle et naissant ;

Les pivoines de juin tout en nacre et en soie,
Gerbe claire mirée en un miroir obscur ;
Un bouquet, découpant son ombre sur le mur,
L’odeur des premiers feux qui semblent feux de joie ;

Le goût et la saveur succulente d’un fruit,
Le rayon de soleil qui me dore la joue,
Et l’heure paresseuse où le rêve se joue,
Et le petit croissant de lune dans la nuit !

Le beau rythme secret de deux strophes égales,
Ce qui pour d’autres cœurs est inutile et vain,
Le grand calme de l’ombre et le sommeil divin,
Les jeux des papillons et le vol des cigales ;

Les torrides midis de juillet étouffant
La voix fraîche des eaux sous la verte ramure
Et vous, chère langueur, tristesse douce et pure,
Et vous ! et vous ! et vous ! rires de mon enfant !


A MON FILS


Ma maison a pour dieu lare,
Qui la garde et la défend,
Un petit satyre enfant
Dont j’aime le masque hilare.

Ses jambes couleur de miel
Ses pieds, son ventre, son torse,
Et ses bras ronds, pleins de force,
Sont dignes d’un immortel.